Général Hemedti : Voici la vraie identité du chef de la plus grande armée d’Afrique qui a plongé le Soudan dans une guerre civile

Général Hemedti : Voici la vraie identité du chef de la plus grande armée d’Afrique qui a plongé le Soudan dans une guerre civile

General Mohamed Hamdan Dagalo, Deputy Head of the Sudan Transitional Military Council, attends the signing ceremony of the agreement on peace and ceasefire in Juba, South Sudan October 21, 2019. REUTERS/Samir Bol

Le général Mohamed Hamdan Dagolo, mieux connu sous le nom de Hemedti, est le chef des FSR. Il joue un rôle clé dans la guerre civile qui s’intensifie rapidement, comme il l’a fait à d’autres moments clés de l’histoire récente du Soudan.

Les Forces de soutien rapide de Hemedti sont dirigées par des Arabes du Darfour connus sous le nom de Janjawid.

Ce terme désigne les groupes armés d’Arabes du Darfour et du Kordofan, dans l’ouest du Soudan.

 Originaires de l’extrême ouest de la périphérie du pays, ils sont devenus, en l’espace d’une décennie, la puissance dominante à Khartoum. Et Hemedti est devenu le visage de l’arène politique violente du Soudan.

J’étudie le Soudan depuis des décennies. De 2005 à 2006, j’ai été détaché auprès de l’équipe de médiation de l’Union africaine pour le Darfour et, de 2009 à 2011, j’ai été conseiller principal auprès du groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine pour le Soudan, dans la période qui a précédé l’indépendance du Soudan du Sud. Mon dernier livre, coécrit avec Justin Lynch, examine la démocratie inachevée du Soudan.

La carrière d’Hemedti est une leçon d’entrepreneuriat politique donnée par un spécialiste de la violence. Sa conduite et son impunité (jusqu’à présent) sont les indicateurs les plus sûrs du fait que les politiques du type mercenaire qui ont longtemps défini la périphérie soudanaise ont été ramenées dans la capitale.

L’arrivée de la périphérie

Hemedti vient de la périphérie la plus éloignée du Soudan, c’est un étranger à l’establishment politique de Khartoum. Son grand-père, Dagolo, était le chef d’un sous-clan qui parcourait les pâturages du Tchad et du Darfour. Les jeunes hommes de ce groupe de bergers de chameaux, sans terre et marginalisés, sont devenus un élément central de la milice arabe qui a mené la contre-insurrection de Khartoum au Darfour à partir de 2003.

Ayant abandonné l’école et devenu commerçant, Hemedti n’a pas reçu d’éducation formelle. Le titre de « général » lui a été décerné en raison de ses compétences en tant que commandant de la brigade Janjaweed au Darfour méridional au plus fort de la guerre de 2003-2005. Quelques années plus tard, il a rejoint une mutinerie  contre le gouvernement, négocié une alliance avec les rebelles du Darfour et menacé de prendre d’assaut la ville de Nyala, tenue par le gouvernement.

Très vite, Hemedti conclu un accord  avec le gouvernement. Khartoum s’engage à régler les salaires impayés de ses troupes et à indemniser les blessés et les familles des morts. Il est promu général et reçoit une belle somme d’argent.

Après avoir réintégré les effectifs de Khartoum, Hemedti a prouvé sa loyauté. Le président Omar al-Bashir, qui a gouverné le Soudan de 1993 à avril 2019, date à laquelle il a été renversé, s’est pris d’affection pour lui, semblant parfois le traiter comme le fils qu’il n’avait jamais eu.

Mais dans les jours qui ont suivi le renversement  de Bashir, certains des jeunes manifestants pro-démocratie qui campaient dans les rues autour du ministère de la Défense ont adopté Hemedti comme le nouveau visage de l’armée.

Un pays dans la poche de Hemedti

De retour au bercail, Hemedti a su utiliser son sens des affaires et ses prouesses militaires pour faire de sa milice une force plus puissante que l’État soudanais en déclin.

Al-Bashir a constitué les Forces de soutien rapide en tant qu’unité distincte en 2013, initialement pour combattre les rebelles de l’Armée populaire de libération du Soudan-Nord dans les monts Nouba. Sans grand succès dans un premier temps. Mais, avec une flotte de nouveaux pick-up équipés de mitrailleuses lourdes,  elle est rapidement devenue une force avec laquelle il fallait compter , menant une bataille clé contre les rebelles du Darfour en avril 2015.

À la suite de l’intervention militaire saoudo-émiratie de mars 2015 au Yémen , le Soudan a conclu un accord avec Riyad pour déployer des troupes soudanaises au Yémen. L’un des commandants de l’opération était le général Abdel Fattah al-Burhan, qui préside le Conseil militaire de transition depuis 2019. Mais la plupart des combattants étaient des membres des FSR de Hemedti. Cela a apporté de l’argent directement à Hemedti.