Gaming : le Maroc mise des millions pour rivaliser avec les studios mondiaux

Gaming Maroc

Crédits photo : Lucie Liz / Pexels

Le Maroc accélère dans le jeu vidéo ou le gaming. Le 13 novembre 2025 à Rabat, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication a scellé un partenariat avec la Caisse de dépôt et de gestion et CDG Invest. Le programme baptisé Gamification Lab vise à structurer une filière encore jeune mais déjà prometteuse.

Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de tutelle, rappelle que le pays comptait seulement deux ou trois start-up actives dans le gaming en 2021. Elles sont désormais une quarantaine. « Il y a une évolution notable dans ce domaine, qui nous permettra de donner aux petites entreprises l’opportunité de s’ériger en grandes et moyennes entreprises », déclare-t-il. La progression reste modeste en valeur absolue, mais le rythme s’accélère.

Gamification Lab créera une plateforme nationale destinée à promouvoir les solutions développées par les studios marocains. Les secteurs concernés incluent l’éducation, la santé, la culture, l’emploi et le tourisme. Bref, l’objectif dépasse le simple divertissement. Le programme permettra aux jeunes pousses de commercialiser leurs productions auprès d’acteurs publics et privés du royaume.

Nissrine Souissi dirige le développement de l’industrie du gaming au sein du ministère. Elle précise que Gamification Lab « se veut un laboratoire d’expérimentation et d’utilisation des mécanismes des jeux vidéo, offrant aux start-ups la possibilité de commercialiser leurs produits auprès d’acteurs publics et privés du Royaume ». Le dispositif prévoit l’identification des besoins, la signature de conventions spécifiques avec les bénéficiaires et le lancement d’appels à manifestation d’intérêt.

Le marché marocain pèse encore peu. Selon les projections de Statista, il devrait atteindre 3 milliards de dirhams d’ici 2027, soit environ 324 millions de dollars. Cette estimation place le pays loin derrière l’Égypte, le Nigeria ou l’Afrique du Sud. Le potentiel existe néanmoins. La population jeune et connectée constitue un socle solide pour développer l’activité.

Les autorités avaient déjà posé des jalons en mai dernier. Deux conventions portaient sur la formation aux métiers du secteur. La première visait l’introduction de cursus universitaires spécialisés. La seconde créait trois filières professionnelles : caster e-sport, streamer e-sport et technicien de laboratoire de jeux vidéo. En janvier 2025, un programme franco-marocain baptisé Video Game Creator a démarré à l’Université internationale de Rabat pour former 40 jeunes pendant neuf mois.

L’Afrique représente un terrain favorable. Le rapport de Carry1st et Newzoo publié en février révèle que le marché continental a généré 1,8 milliard de dollars en 2024. La croissance atteint 12,4 % contre seulement 2,1 % à l’échelle mondiale. Les smartphones dominent avec 90 % des revenus. Le continent compte 349 millions de joueurs, dont 304 millions sur mobile.

L’Égypte trône en tête avec 368 millions de dollars de recettes. Le Nigeria suit avec 300 millions, puis l’Afrique du Sud avec 278 millions. Ces trois pays concentrent plus de la moitié du marché africain. L’Érythrée et le Niger affichent les taux de croissance les plus rapides. Enfin, la Guinée équatoriale et les Seychelles progressent plus lentement.

Le Maroc cherche sa place dans cet écosystème en expansion. Le pays a déjà participé au co-développement de Prince of Persia : Les Deux Royaumes en 2005. La célèbre map Dust2 de Counter-Strike s’inspire également de l’architecture marocaine. Ces références restent anciennes. Le royaume doit prouver sa capacité à produire localement et régulièrement.

Le gaming mobilise près de 80 métiers différents. Programmation, game design, graphisme, écriture, son, marketing ou data constituent autant de débouchés. Les autorités misent sur la création d’emplois qualifiés et durables. Le secteur attire les jeunes diplômés férus de technologies. La multiplication des formations devrait alimenter le vivier de talents.

Le partenariat avec la CDG apporte une dimension financière. L’institution publique dispose de moyens conséquents pour accompagner les projets. Les start-up bénéficieront d’un soutien structuré pour accéder aux marchés. La question demeure : le Maroc parviendra-t-il à transformer ces ambitions en réalisations concrètes ? Les prochaines années fourniront des éléments de réponse. Le secteur africain du gaming prouve que la croissance est possible. Le royaume doit désormais convertir ses atouts en productions exportables.

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