Gabon : le fils d’Ali Bongo dénonce une « mascarade judiciaire » avant son procès

Crédit photo : Infosdirect.net

Depuis Londres, où il s’est exilé, Noureddin Bongo, fils du président gabonais déchu Ali Bongo, a confirmé à l’AFP qu’il serait absent, comme sa mère Sylvia, de leur procès pour détournement de fonds publics qui s’ouvre le 10 novembre à Libreville, refusant dit-il de cautionner « une mascarade judiciaire« .

« Les conditions d’un procès juste et équitable ne sont toujours pas réunies« , explique Noureddin Bongo, 33 ans, malgré les promesses d’un « procès équitable » formulées par Brice Oligui Nguema, général qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat le 30 août 2023 avant d’être élu président le 12 avril dernier.

Aller à un procès où « le tri est déjà décidé au préalable, ce n’est pas envisageable« , ajoute-t-il dans un entretien avec l’AFP.

Son avocate gabonaise, Gisèle Eyue-Bekale ne se rendra pas non plus à l’audience, pour ne pas « justifier une manipulation et une mascarade judiciaire« , dit-il.

Me Eyue-Bekale a déposé un pourvoi en cassation contre la décision le renvoyant devant le tribunal, affirme M. Bongo, affirmant qu’un procès ne sait se tenir avant que le pourvoi soit examiné.

Le coup d’Etat du général Oligui Nguema a mis fin à 55 ans de règne de la famille Bongo, dont il fut longtemps un proche et un cadre du régime.

Le président renversé Ali Bongo, qui avait succédé à son père Omar au décès de celui-ci en 2009 après 41 ans à la tête de l’Etat, n’est pas poursuivi par la justice gabonaise.

Il a quitté le Gabon en mai avec son épouse Sylvia et son fils Noureddin, quand ceux-ci ont été remis en liberté provisoire, probablement pour raisons médicales, après plus de 20 mois d’incarcération, au cours desquels ils affirment avoir été torturés.

« Nous savons pertinemment que si nous y retournons, on subira des choses bien pires que ce nous avons déjà subies« , assure Noureddin Bongo à l’AFP.

« Justice sera rendue »

Désignant des proches du président Oligui Nguema parmi ses tortionnaires, il affirme que sa mère est « brisée » d’avoir été torturée « psychologiquement et physiquement » et d’avoir assisté aux sévices qu’il a lui-même subis, ajoutant : « je pense qu’elle ne s’en remettra jamais« .

« Nous ne sommes pas contre l’idée de rendre compte » des faits reprochés « mais si c’est devant une justice indépendante et réelle, pas une justice qui est clairement sous les ordres de l’exécutif au Gabon« , martèle-t-il.

À l’appui de leurs accusations, la famille Bongo a fait circuler sur les réseaux sociaux, d’abord en juillet, puis en novembre, des vidéos, dont l’authenticité n’a pu être vérifiée de manière indépendante, démontrant ce qu’elle présente être des magistrats faisant état de « pressions » et « d’instructions » de la part du pouvoir dans ce dossier.

Ces vidéos sont « une tentative de déstabilisation qui ne fonctionnera pas« , a déclaré à la presse Théophane Nzame-Nze Biyoghe, porte-parole de la présidence gabonaise, « quelque soit le nombre de vidéos, le procès ouvrira, justice sera rendue« .

Sylvia et Noureddin Bongo, qui possèdent comme Ali Bongo la nationalité française, ont déposé plainte pour « tortures » devant la justice française. « L’enquête continue et avance beaucoup plus vite qu’on ne pouvait l’espérer« , affirme Noureddin Bongo à l’AFP, « justice sera rendue un jour, même si ça prend du temps« .

Avec AFP

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