Gabon : de nouvelles exigences pour les hauts fonctionnaires

Gabon : de nouvelles exigences pour les hauts fonctionnaires

Crédit Photo : AFP

Réunis le 11 février à l’auditorium de l’Immeuble Arambo, siège du ministère de l’Économie, les hauts fonctionnaires de l’administration publique du Gabon ont été une fois de plus rappelés à leurs obligations.

Ils doivent impérativement déposer leur déclaration de biens auprès de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) avant le 20 février. Cette exigence, pourtant en vigueur depuis 2003, est largement ignorée par une grande partie des fonctionnaires concernés.

L’initiative survient dans un contexte où le gouvernement de Transition, sous la direction du président Brice Clotaire Oligui Nguema, affiche une volonté ferme de moralisation de la vie publique.

Déjà, en janvier, lors de la cérémonie de présentation des vœux, le chef de l’État dénonçait les pratiques de détournement et de rétrocommissions qui gangrènent l’administration.

Un message renforcé le 28 janvier par le premier ministre Raymond Ndong Sima, qui réunissait les responsables administratifs pour insister sur la nécessité de respecter la loi.

Cette relance du dispositif de transparence intervient alors que le pays est secoué par un scandale lié au contrat entre l’État gabonais et Karpowership, une société turque spécialisée dans l’électricité via des centrales flottantes.

Selon plusieurs médias locaux, des soupçons de pots-de-vin entourent cet accord, initialement chiffré à 12 milliards FCFA par mois (environ 19 millions de dollars).

Une loi bafouée depuis 22 ans

Si la CNLCEI multiplie les rappels à l’ordre, l’efficacité de ces mesures reste à prouver.

Depuis sa création en 2003, l’instance de lutte contre la corruption peine à obtenir l’adhésion des agents publics, malgré les sanctions prévues par la loi.

‘En dépit de l’obligation qui incombe aux agents publics de déclarer leurs biens, force est de constater que ces derniers sont réfractaires à cette disposition légale, malgré les multiples campagnes de sensibilisation entreprises par la Commission depuis sa création. 

Or, manquer à cet impératif expose tout agent public aux sanctions prévues par la loi 041 », a rappelé, non sans irritation, Nestor Mbou, président de la CNLCEI.

Les fonctionnaires négligeant cette obligation risquent une amende de 50 000 FCFA dès la première mise en demeure, montant qui grimpe à 100 000 FCFA par mois après la troisième relance.

En cas de non-conformité prolongée, des sanctions plus sévères peuvent être appliquées, allant jusqu’à la révocation, voire des peines d’emprisonnement et la confiscation des biens mal acquis.

Au Gabon, ces nouvelles exigences qui sont faites aux hauts fonctionnaires sont très appréciées par les populations.