Le démantèlement méthodique de l’héritage Bongo au Gabon se poursuit avec une nouvelle décision symbolique : l’aéroport de Port-Gentil, jusqu’alors nommé en l’honneur de l’ancien président déchu Ali Bongo Ondimba, va être rebaptisé.
Le conseil des ministres a adopté ce 20 février 2025 un décret attribuant à cette infrastructure stratégique le nom de Joseph Rendjambe Issani, figure politique majeure assassinée en 1990 dans des circonstances troubles, alors qu’Omar Bongo, père d’Ali, dirigeait le pays.
Il est à noter que la décision du gouvernement s’inscrit dans un processus de rupture avec les 55 années de règne de la famille Bongo, marquées par une gouvernance controversée du pays.
Ali Bongo, qui a annoncé son retrait de la vie politique après le coup d’État, réside actuellement dans sa demeure de Libreville sous surveillance militaire.
Une situation que ses avocats qualifient de détention déguisée, tandis que le gouvernement affirme qu’il est libre de quitter le pays.
Le sort des Bongo illustre la fin brutale d’une dynastie : Sylvia Bongo, l’ancienne Première dame, et son fils Noureddin sont incarcérés à la prison centrale de Libreville, poursuivis pour des délits financiers graves.
Dans un entretien récent accordé à Jeune Afrique, Ali Bongo a défendu son épouse, niant toute malversation et plaidant pour des conditions de détention plus humaines.
Le choix de rebaptiser l’aéroport au nom de Joseph Rendjambe Issani, philosophe et économiste assassiné à 53 ans, revêt une forte charge symbolique. Premier Secrétaire général du Parti Gabonais du Progrès, il incarnait la lutte pour le multipartisme face au régime Bongo.
Sa mort mystérieuse, marquée par des traces d’injection létale selon la presse locale, reste une plaie ouverte dans l’histoire politique gabonaise.
Au final, la décision du gouvernement de changer le nom de l’aéroport Ali Bongo Ondimba, marque la volonté des nouvelles autorités de tourner définitivement la page d’un demi-siècle de pouvoir familial, caractérisé par une mainmise sur les ressources pétrolières du pays et des accusations récurrentes de corruption massive.