Le lundi 15 décembre 2025, le président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, a effectué une visite surprise au ministère de la Fonction publique.
Cette descente inopinée, dont l’objectif était d’observer le fonctionnement réel de l’administration, a débouché sur un constat amer.
Sur plus de 400 fonctionnaires affectés à ce ministère, à peine une soixantaine étaient présents à son arrivée. Bureaux vides, piles de dossiers non traités et nombreuses irrégularités, a constaté le chef de l’État.
Face à cette situation préoccupante, le président de la République a haussé le ton. Il a exigé des sanctions, des licenciements, ainsi que la modernisation de l’administration, notamment à travers la digitalisation des procédures.
« Nous sommes le service public. Avec un effectif de 900 agents sur l’ensemble du territoire, dont environ 400 au ministère. Nous sommes lundi matin. Combien sommes-nous présents ce matin ? Dites-le-moi. À peine 60 », a-t-il déclaré.
Poursuivant, le chef de l’État a été encore plus ferme :
« C’est à vous de les réprimander. Ce n’est pas à moi. Donc l’État paye cadeau. Il faut trouver ceux qui ne viennent pas au travail. Vous faites des rapports au secrétaire général, et je veux des licenciements. Il y a des Gabonais qui veulent travailler.
Il y a des Gabonais sortis des universités qui sont prêts à travailler et qui ont les mêmes diplômes que vous qui êtes ici. Donc donnez à ces Gabonais la chance. Ils sont peut-être fatigués par le poids de l’âge, ils ne peuvent pas venir au travail à 7h30. Il n’y a pas de problème.
On ne va pas les déranger. Vous les licenciés, vous prenez des jeunes Gabonais qui comprennent le numérique, la digitalisation, qui peuvent faire avancer les dossiers. Pourquoi on va rester toujours avec les mêmes qui ne travaillent pas ? Notre pays a besoin d’avancer. C’est nous qui devons changer ce pays »
Il a également insisté sur le rôle des responsables administratifs :
« On a tous, pratiquement, 50 ans, 60 ans, pas plus, 40 ans peut-être les plus jeunes, ou 45. Le matin, le tour des bureaux : qui est présent, qui est absent.
C’est ça un chef. Il commence par ça. Dès qu’il arrive, il va dans les bureaux, il dit bonjour à ses directeurs, à ses collaborateurs. Ça lui permet de voir qui est absent, qui ne l’est pas, et de noter les retards. Ensuite, vous commencez votre journée de travail.
Et vous commencez par la sanction. Donc là, je veux des sanctions. Si vous êtes incapables de sanctionner, donnez-moi la liste des absents. Vous avez peut-être peur, mais moi, je m’assume dans ce que je fais. On ne peut plus continuer comme ça.
S’il n’y a que 100 qui travaillent, 60, eh bien, on gardera ces 60, ces 100, et le reste, on n’en a pas besoin, on les renvoie. Il n’y a que 2, 3 qui font le travail ici ».
Pour le président, le changement doit être profond :
« Ce n’est pas ce que les Gabonais attendent de nous. On veut le changement. Le changement, c’est dans la tête. C’est la mentalité. Ce n’est pas tout de crier changement, changement, et dans la tête, vous ne changez pas vos habitudes. Changez-moi vos habitudes. C’est ce que je veux voir ».
Concluant son intervention, Brice Clotaire Oligui Nguema a rappelé le rôle central de l’administration dans la construction de l’État :
« Il faut apprendre à changer, à adopter de bonnes habitudes. Jetez ce qui est mauvais, gardez ce qui est bon. Je compte sur vous pour changer cette maison. Ce n’est pas le ministre qui travaille, c’est vous. Un pays est fort non pas à cause de son gouvernement, mais grâce à son administration. C’est l’administration qui tient un pays ».
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