Le président de l’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa a clôturé ce dimanche 23 novembre 2025 le sommet du G20 à Johannesburg en saluant un « engagement renouvelé en faveur de la coopération multilatérale ». Le président sud-africain a réussi à faire adopter une déclaration commune malgré l’absence de Washington et le retrait de dernière minute de l’Argentine. Cette réunion marque la première fois que le groupe des grandes puissances économiques se tient sur le sol africain.
La déclaration finale aborde la crise climatique, l’endettement des pays en développement et la transition énergétique. Des sujets que l’administration Trump a rejetés. Donald Trump avait annoncé dès le 8 novembre qu’aucun représentant américain ne participerait au sommet, invoquant des accusations sans fondement de persécution de la minorité blanche par le gouvernement sud-africain. Enfin, ces allégations ont été largement démenties par les observateurs internationaux.
G20 en Afrique du Sud : une adoption samedi malgré les tensions
Les émissaires du G20 ont rédigé vendredi le projet de déclaration sans la participation des États-Unis. Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence sud-africaine, a confirmé que le texte « ne peut pas être renégocié ». « Nous avons travaillé toute l’année pour cette adoption et la semaine écoulée a été particulièrement intense », a-t-il déclaré selon Al Jazeera.
Ramaphosa avait affirmé dès l’ouverture du sommet samedi qu’il existait un « consensus écrasant » pour une déclaration finale. Il a ajouté : « Nous ne devons rien laisser diminuer la valeur, la stature et l’impact de la première présidence africaine du G20 ». Son ton contrastait avec la retenue dont il avait fait preuve lors de sa visite à la Maison-Blanche en août, où Trump avait répété devant lui ses accusations infondées sur un prétendu génocide des fermiers blancs.
L’Argentine s’est retirée des négociations à la dernière minute. Pablo Quirno, ministre argentin des Affaires étrangères, a expliqué que son pays restait « pleinement engagé dans l’esprit de coopération » mais exprimait des réserves sur la manière dont le texte traite du conflit au Moyen-Orient. Le document mentionne une fois « le Territoire palestinien occupé ».
Un texte axé sur les priorités du Sud global
La déclaration souligne la gravité du changement climatique et salue des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables. Elle dénonce aussi les charges de dette qui pèsent sur les pays pauvres. Ramaphosa a averti dimanche que l’endettement des économies en développement constituait l’une des plus grandes menaces pour la stabilité mondiale. « Cette année, nous avons reconnu le fardeau croissant de la dette auquel sont confrontées de nombreuses économies en développement comme un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de développement durable », a-t-il déclaré selon Business Day.
Le texte engage le G20 à renforcer la mise en œuvre du cadre commun pour le traitement de la dette « de manière prévisible, opportune, ordonnée et coordonnée ». Il promet également d’améliorer la qualité et la quantité du financement climatique disponible pour les pays en développement. Bref, les pays riches devront tenir leurs engagements financiers.
Un protocole bafoué pour la passation
Les États-Unis prendront la présidence tournante du G20 en 2026. L’Afrique du Sud a refusé que Ramaphosa remette le témoin à un chargé d’affaires de l’ambassade américaine, y voyant une violation du protocole. « Le président ne remettra pas à un fonctionnaire subalterne de l’ambassade la présidence du G20. C’est une violation du protocole qui ne sera pas acceptée », a martelé Vincent Magwenya.
La Maison-Blanche a accusé Ramaphosa de refuser de faciliter une transition en douceur. Anna Kelly, porte-parole de l’administration Trump, a déclaré que l’Afrique du Sud avait « instrumentalisé sa présidence du G20 pour saper les principes fondateurs du G20 ». Elle a ajouté que Trump avait hâte de « restaurer la légitimité » du groupe l’année prochaine.
Ronald Lamola, ministre sud-africain des Affaires étrangères, a répondu dimanche : « Nous n’avons pas encore reçu de communication officielle à ce stade. Mais nous restons ouverts… La décision leur appartient ». Il a finalement annoncé que l’Afrique du Sud assignerait un diplomate de même rang qu’un chargé d’affaires pour remettre la présidence au ministère des Affaires étrangères.
Des discussions parallèles sur l’Ukraine
En marge du sommet, les dirigeants mondiaux ont discuté de la guerre en Ukraine et du plan en 28 points proposé par l’administration Trump. Ce document suscite l’inquiétude à Kiev et dans plusieurs capitales européennes qui y voient d’importantes concessions à Moscou. Des discussions se sont tenues à Genève la semaine dernière.
Emmanuel Macron a salué l’événement. Le président français a regretté l’absence de Trump mais a souligné que cela ne devait pas bloquer les autres. « Notre devoir est d’être présents, de nous engager et de travailler tous ensemble parce que nous avons tant de défis à relever », a-t-il déclaré.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a affirmé dimanche que les sommets du G20 et de la COP30 prouvaient que le multilatéralisme était « bel et bien vivant ». Le sommet intervient après des négociations climatiques difficiles à la COP30 au Brésil, où les pays producteurs de pétrole ont empêché toute mention du rôle des énergies fossiles dans la déclaration finale.
Ramaphosa a conclu ses remarques par une formule solennelle : « Nous avons posé les fondations de la solidarité ; maintenant nous devons construire les murs de la justice et le toit de la prospérité ». Le président sud-africain a insisté sur le fait que la déclaration représentait un engagement à des actions concrètes pour améliorer la vie des populations partout dans le monde.
Le G20 regroupe 19 pays plus l’Union européenne et l’Union africaine. Le bloc représente environ 85 % de l’économie mondiale, 75 % du commerce international et 66 % de la population mondiale. Il a été créé en 1999 comme un pont entre nations riches et pays pauvres pour faire face aux crises financières mondiales.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a mis en garde contre « l’instrumentalisation des dépendances », allusion aux restrictions chinoises sur les terres rares. Maki Kobayashi, secrétaire aux affaires publiques du cabinet japonais, a reconnu que « la diversité du G20 présente parfois des défis, mais elle souligne aussi l’importance de trouver un terrain d’entente ».
Le sommet a adopté des Principes volontaires de haut niveau pour investir dans la réduction des risques de catastrophes. L’Afrique du Sud a également encouragé la collaboration internationale pour renforcer les investissements dans la prévention et la réponse aux catastrophes. Les discussions ont porté sur le renforcement des banques multilatérales de développement et sur les mécanismes de soutien aux plateformes nationales comme le Partenariat pour une transition énergétique juste.