Les dirigeants du G20 réunis en Afrique du Sud ont adopté ce samedi 22 novembre 2025 une déclaration commune sur le climat et les défis mondiaux, malgré l’absence de Washington. Une première pour ce sommet qui se tient sur le sol africain. Le texte a été validé sans la participation américaine, ce qui constitue une rupture avec la pratique habituelle du consensus.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait annoncé l’existence d’un « consensus écrasant » pour une déclaration finale. Puis l’Argentine s’est retirée des négociations à la dernière minute. Le ministre argentin des Affaires étrangères Pablo Quirno a néanmoins déclaré que son pays « reste pleinement engagé dans l’esprit de coopération », évoquant des réserves sur le traitement du conflit au Moyen-Orient dans le document.
Un texte rédigé au G20 en Afrique du Sud sans Washington
Les émissaires du G20 ont finalisé vendredi un projet de déclaration sans les États-Unis. Un haut responsable américain a qualifié cette décision de « honteuse », accusant le gouvernement sud-africain de s’écarter de la pratique du consensus. Donald Trump avait annoncé que son pays n’assisterait pas au sommet, invoquant des accusations sans fondement de persécution de la minorité blanche par Pretoria.
Le texte insiste sur la gravité du changement climatique, salue des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables et évoque le poids de la dette des pays pauvres. Autant de formulations rejetées par Washington. Vincent Magwenya, porte-parole de Ramaphosa, a affirmé que le document « ne peut pas être renégocié ». Enfin, il a précisé : « Nous avons travaillé toute l’année pour cette adoption et la semaine écoulée a été particulièrement intense. »
L’Afrique aux commandes
Cyril Ramaphosa a déclaré en ouverture du sommet : « Nous ne devons rien laisser diminuer la valeur et l’impact de la première présidence africaine du G20. » Le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola a répliqué aux critiques américaines : « Ce G20 n’est pas centré sur les États-Unis. Ceux qui sont ici ont décidé de la direction à suivre. »
Le sommet intervient dans un contexte de tensions géopolitiques. La guerre en Ukraine et les négociations climatiques difficiles à la COP30 au Brésil pèsent sur les débats. Maki Kobayashi, secrétaire aux affaires publiques du cabinet japonais, a reconnu que « la diversité du G20 présente parfois des défis, mais elle souligne aussi l’importance de trouver un terrain d’entente. »
Donald Trump a dénoncé l’agenda sud-africain visant à aider les nations en développement à s’adapter aux catastrophes climatiques et à réduire leurs coûts de dette. Pretoria a refusé de remettre la présidence du G20 à un simple chargé d’affaires américain, qualifiant cela de « violation du protocole ». Les États-Unis accueilleront pourtant le G20 en 2026.
Un symbole pour le multilatéralisme
Emmanuel Macron a salué l’événement. Le président français a déclaré selon Reuters : « Ce sommet du G20 est une première puisque c’est la première fois qu’un G20 se tient sur le continent africain. (…) Cela vient consacrer une réforme que la France a beaucoup poussée ces dernières années : donner un siège permanent autour de la table du G20 à l’Union africaine. »
Macron a aussi insisté sur la portée des engagements. « Alors qu’il y avait beaucoup de menaces, de craintes, qu’il ne puisse pas y avoir de déclaration, une déclaration à 19 a été établie (…) et il n’y a pas de recul sur les éléments de ce G20, qu’il s’agisse du climat de cadre pour gérer la dette », a-t-il précisé.
Ursula von der Leyen a mis en garde contre « l’instrumentalisation des dépendances », allusion aux restrictions chinoises sur les terres rares. Bref, les fractures géopolitiques restent profondes. Le document final mentionne une fois « le Territoire palestinien occupé », ce qui a contribué aux réticences argentines.
Le sommet marque la fin d’un cycle de présidences du « Sud global » après l’Indonésie, l’Inde et le Brésil. Le président du Conseil européen António Costa a souligné depuis Johannesburg que « le multilatéralisme est notre meilleure, peut-être notre seule défense contre les bouleversements, la violence et le chaos. »
L’adoption de cette déclaration dès le premier jour constitue un changement dans le protocole habituel. Le texte affirme que la Charte des Nations Unies reste le point central de référence pour résoudre les différends. Le G20 regroupe 19 pays plus l’Union européenne et l’Union africaine, représentant 85 % du PIB mondial et environ deux tiers de la population.