G20 en Afrique du Sud : Canada et Inde en ont profité pour…

G20 Afrique du Sud Inde Canada

Crédits photo :  afp.com/Thomas Mukoya

Le sommet du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, a servi de tribune pour relancer les discussions commerciales entre le Canada et l’Inde. Mark Carney et Narendra Modi se sont rencontrés dimanche en marge de la rencontre des dirigeants pour annoncer l’ouverture officielle des négociations en vue d’un accord de partenariat économique global. Les pourparlers étaient suspendus depuis 2023, année où les relations diplomatiques entre Ottawa et New Delhi avaient atteint leur point le plus bas.

Le bureau du Premier ministre indien a confirmé l’accord dans un communiqué. « Les deux dirigeants ont convenu de lancer officiellement les négociations en vue d’un accord de partenariat économique global », précise le texte officiel. Les discussions porteront sur les biens, les services, les investissements, les produits agricoles et agroalimentaires, le commerce numérique, la mobilité de la main-d’œuvre et le développement durable.

G20 en Afriqued du Sud : un objectif ambitieux de doublement des échanges entre le Canada et l’Inde

Le gouvernement indien vise à doubler les échanges bilatéraux pour atteindre 50 milliards de dollars américains d’ici 2030. Mark Carney a publié sur X une déclaration où il parle d’un objectif de « plus de 70 milliards de dollars canadiens ». Il a ajouté : « L’Inde est la cinquième économie mondiale, ce qui représente de grandes opportunités pour les travailleurs et entreprises canadiens ».

En 2024, le commerce bilatéral de biens et services entre les deux pays a atteint environ 31 milliards de dollars canadiens, soit 21,98 milliards de dollars américains. Le Canada exporte pour 16 milliards de dollars canadiens de services vers l’Inde. À titre de comparaison, le commerce total du Canada avec la Chine était près de quatre fois supérieur la même année.

Mark Carney cherche à diversifier les liens commerciaux du Canada au-delà des États-Unis. Il s’est engagé à doubler les exportations canadiennes hors marché américain au cours de la prochaine décennie. Le contexte géopolitique mondial, marqué par les tensions avec Washington, pousse Ottawa à chercher de nouveaux partenaires.

Une coopération au-delà du commerce

Les deux parties ont réaffirmé leur coopération dans le domaine du nucléaire civil. Le communiqué mentionne la poursuite des discussions pour renforcer cette collaboration, notamment à travers des accords d’approvisionnement en uranium à long terme. Enfin, ces aspects techniques passent souvent inaperçus dans les annonces commerciales, mais ils structurent les relations bilatérales sur le long terme.

Samedi, le Canada a également adhéré à un accord trilatéral avec l’Inde et l’Australie sur les technologies de pointe. Selon le cabinet du Premier ministre cité par Radio-Canada, ce partenariat met l’accent sur l’innovation en matière d’énergie verte et la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes dans le domaine des minéraux critiques.

Un réchauffement progressif des relations

Les relations entre Ottawa et New Delhi avaient été gelées en 2023. Cette année-là, le Canada avait suspendu les négociations commerciales après avoir accusé le gouvernement indien d’être impliqué dans l’assassinat d’un séparatiste sikh canadien à Vancouver. New Delhi a nié toute implication. La Gendarmerie royale du Canada a également accusé le gouvernement indien d’être impliqué dans des homicides et des actes d’extorsion et de coercition au Canada.

Le dégel a commencé lors de la rencontre entre Modi et Carney en marge du sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, en juin 2025. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont ensuite annoncé une nouvelle feuille de route pour les relations bilatérales en octobre. Le 13 novembre, le septième dialogue ministériel sur le commerce et l’investissement s’est tenu à New Delhi.

Anita Anand, ministre canadienne des Affaires étrangères, a déclaré selon L’Actualité que les négociations commenceraient « dès que possible ». Elle a précisé que les deux pays partagent actuellement bon nombre de préoccupations. « L’objectif actuel est de garantir que nous obtenons des investissements qui renforcent l’économie canadienne », a-t-elle souligné. « Les deux pays sont bien conscients du fait que l’ordre commercial mondial est en train de se réorganiser et que l’instabilité de l’environnement géopolitique est également flagrante ».

Mark Carney a déclaré dimanche considérer l’Inde comme un partenaire commercial fiable, tout en reconnaissant l’existence possible de « sources de friction ». Il a affirmé que le Canada et l’Inde entretiennent une solide relation commerciale qu’il souhaite développer davantage. « Notre objectif est de consolider cette relation commerciale par un éventuel accord entre les deux pays, qui offrirait des protections à nos entreprises, aux entreprises indiennes, un ensemble de règles claires, des mécanismes de règlement des différends, et d’autres dispositifs, afin de saisir ces opportunités », a-t-il ajouté.

Mark Carney prévoit de se rendre en Inde l’année prochaine. Une possibilité serait le sommet sur l’intelligence artificielle qui se tiendra en février à New Delhi, où le Canada dirige un groupe de travail. Bref, le calendrier diplomatique s’intensifie.

Le Premier ministre canadien a également rencontré le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva lors du sommet. Les deux dirigeants se sont accordés pour intensifier les négociations en vue d’un accord de libre-échange Canada-Mercosur. Le Mercosur regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.

Ces annonces s’inscrivent dans la stratégie canadienne de réduction de sa dépendance commerciale envers les États-Unis. Le G20 représente 85 % du PIB mondial, 75 % du commerce mondial et 66 % de la population. Carney a déclaré dimanche que le Canada estime que « le G20 doit rester un pont » alors que trop de pays se replient sur des blocs géopolitiques ou sur le protectionnisme.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp