Francophonie : la Côte d’Ivoire décroche un poste clé et fait une annonce qui change tout

francophonie Côte d'Ivoire élection

Crédits photo : Collage L-Frii Media (Logo OIF / Vecteezy)

À Kigali, la Côte d’Ivoire vient de prendre la présidence de la 46e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie.

La ministre Françoise Remarck y représente le pays depuis mercredi. Cette nomination survient alors qu’Abidjan multiplie les engagements en faveur de l’égalité entre les genres au sein de l’espace francophone.

Le thème retenu cette année ne laisse place à aucune ambiguïté : « Trente ans après Beijing : la contribution des femmes dans l’espace francophone ». Françoise Remarck a rappelé que « trente ans après Beijing », la Francophonie considère que les questions liées au genre demeurent un impératif. La Côte d’Ivoire, désormais vice-présidente de la CMF pour deux ans, entend porter cette ambition. Elle a également obtenu la présidence de cette 46e session.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le pays compte 27 % de femmes à l’Assemblée nationale et 22,25 % au Sénat. Un sénat dirigé depuis octobre 2023 par Kandia Camara, première femme à occuper ce poste dans l’histoire ivoirienne. Cette ancienne ministre de l’Éducation puis des Affaires étrangères incarne cette progression, certes modeste, mais réelle.

Sur le plan économique, les dispositifs d’autonomisation ont mobilisé près de 100 milliards de FCFA. Le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire et le Fonds national pour le développement des femmes ont soutenu plus de 400 000 projets portés par des femmes depuis leur création, selon les données gouvernementales. Bref, l’argent circule. Reste à savoir si ces investissements transforment durablement les rapports sociaux.

Dans le domaine éducatif, le taux d’alphabétisation des filles est passé de 47 % à 53 %. La scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans constitue un levier essentiel. Les écoles militaires et techniques acceptent désormais les élèves féminines. De même, les filières scientifiques accueillent davantage de jeunes filles, une évolution encore timide mais perceptible.

Françoise Remarck a salué l’exposition « 20 femmes francophones, 20 voix pour l’égalité », qui met en lumière des figures comme Henriette Dagri Diabaté, ancienne grande chancelière de l’ordre national. Ces portraits rappellent que la lutte pour l’égalité traverse les générations et que les témoignages de jeunes femmes restent nécessaires pour maintenir la pression.

La Côte d’Ivoire a ratifié l’ensemble des instruments internationaux relatifs aux droits des femmes. Elle a mis en œuvre des réformes sur l’égalité dans la famille, l’héritage et la lutte contre les violences basées sur le genre. Un quota minimum de 30 % de femmes figure sur les listes électorales depuis plusieurs années. Enfin, le plan d’action national 2024-2028 s’aligne sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, intégrant les femmes dans les dispositifs de prévention des conflits.

Cette conférence de Kigali devrait aboutir à l’adoption de l’Appel de Kigali, qui engage les 90 États membres de l’Organisation internationale de la Francophonie à renforcer la collecte de données sur l’égalité, garantir la protection et la participation des femmes, et reconnaître la valeur du travail domestique non rémunéré. La présidence cambodgienne prendra ensuite le relais pour la 47e session, marquant ainsi la continuité de ces engagements.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp