En France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé le vendredi 3 octobre 2025 qu’il renonçait à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, mécanisme qui permet de faire adopter une loi sans vote. Une décision prise dans l’espoir de calmer les tensions autour du budget et de prévenir une motion de censure.
Sur le perron de Matignon, il a justifié ce choix par un souci de respect du débat démocratique : « J’ai décidé de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution puisque cet article, au fond, permet au gouvernement d’interrompre les débats, d’engager la responsabilité du gouvernement et au gouvernement d’écrire la copie. Dans un Parlement qui fonctionne, dans un Parlement en plus qui a été renouvelé il y a plus d’un an et qui ressemble aux Français avec ses divisions, on ne peut pas passer en force et on ne peut pas contraindre son opposition. »
Cette ouverture, correspond à une revendication du Parti socialiste. Lecornu a immédiatement entamé des discussions avec l’opposition pour tenter de sécuriser l’adoption du budget. Mais les réactions restent partagées. Pour Olivier Faure, la « copie » budgétaire est jugée « très insuffisante et à bien des égards alarmante », même s’il reconnaît « un début de rupture sur la forme ». La gauche radicale, incarnée par La France insoumise, promet toujours une motion de censure « dès la nomination » du gouvernement, tandis que les communistes estiment « raide » d’écarter dès maintenant un exécutif qui abandonne le 49.3.
Les écologistes voient dans ce geste « un petit début » d’évolution, et Marine Le Pen le qualifie de « respectueux » sans pour autant prendre position sur la censure. Du côté de la droite traditionnelle, Bruno Retailleau dit « comprendre ce choix » mais s’inquiète d’un budget susceptible de nuire « aux intérêts supérieurs du pays ». Quant à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, elle salue une décision qui doit permettre à la chambre basse « d’être en capacité de débattre pleinement sur les orientations budgétaires de la France ».
Afin de rallier davantage de soutiens, Sébastien Lecornu a également mis sur la table une nouvelle taxe sur le patrimoine financier, épargnant toutefois le patrimoine professionnel. Une mesure qui cherche à répondre partiellement aux attentes des socialistes, tout en évitant les effets négatifs redoutés d’une taxation plus lourde des grandes fortunes. Le chef du gouvernement promet en outre une disposition en faveur du pouvoir d’achat dans le budget, signe qu’il mise sur des gestes concrets pour convaincre au-delà du symbole du 49.3.