France : même décédé, Jean-Marie Le Pen continue d’influencer la vie des citoyens

Jean-Marie Le Pen

Credit Photo : Le Figaro

La figure historique de l’extrême droite française, Jean-Marie Le Pen, continue de diviser le pays après sa mort, qui a provoqué des célébrations dans plusieurs villes de France, condamnées par son parti et le gouvernement.

Le co-fondateur du parti Front national (FN) est mort mardi à l’âge de 96 ans en région parisienne, dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.

Enfin ! 

A Marseille (sud-est), où entre 200 à 300 personnes se sont retrouvées sur le Vieux Port selon des journalistes de l’AFP, l’ambiance était festive, entre bouteilles de champagne, petits chapeaux de fête et cette pancarte : « Enfin ».

« C’est la mort d’un personnage qu’on déteste, parce qu’il était misogyne, raciste, négationniste, antisémite. Il faut célébrer quand les personnages aussi haineux meurent », a expliqué à l’AFP Louise Delporte, une étudiante en sciences politiques de 20 ans.

Ces manifestations ont été vivement condamnées par le parti Rassemblement national (RN), héritier du FN. Son vice-président, Louis Aliot, a vilipendé « la chienlit, toujours la même, dans la rue, la racaille gauchiste ».

« Rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre (…) Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses », a également dénoncé le très conservateur ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur le réseau social X.

« Mort, même l’ennemi a droit au respect », a affirmé mercredi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.

Mais la patronne des députés de la gauche radicale Mathilde Panot a défendu de son côté « l’esprit Charlie » (Hebdo), une référence au célèbre journal satirique dont on commémorait mardi les dix ans de l’attaque l’ayant visé, en soulignant que M. Le Pen était un « ennemi de la République ».

La présidence française avait jugé mardi que M. Le Pen était une « figure historique de l’extrême droite » dont le « rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans » relevait « désormais du jugement de l’Histoire ».

Bonne mer Papa !

Les obsèques de M. Le Pen auront lieu samedi « dans l’intimité familiale » dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer, dans l’ouest de la France, a annoncé mercredi Louis Aliot, ancien compagnon de Marine Le Pen, une des filles de Jean-Marie.

Un cadre qui devrait rester propice au recueillement, a estimé M. Aliot, malgré les manifestations de mardi soir : « Ils ne vont pas venir manifester à un enterrement. Et s’ils le font, je suppose que l’Etat veillera à les maintenir loin ».

M. Aliot a confirmé que Marine Le Pen avait appris le décès de son père par la presse, lors d’une escale à Nairobi, en revenant d’un déplacement sur l’archipel français de Mayotte, dans l’océan Indien, dévasté le 14 décembre par le cyclone Chido.

Celle-ci a rendu hommage mercredi à son père sur X. « Un âge vénérable avait pris le guerrier mais nous avait rendu notre père », a-t-elle souligné. « Beaucoup de gens qu’il aime l’attendent là-haut. Beaucoup de gens qui l’aiment le pleurent ici-bas. Bon vent, bonne mer Papa ! »

Les relations entre Jean-Marie et Marine Le Pen s’étaient fortement dégradées au fil des ans après l’accession en 2011 de sa fille à la tête du FN. Les liens avaient toutefois été renoués en juin 2018 à l’occasion du 90e anniversaire du patriarche.

© AVEC AFP