Le président nigérien d’une mosquée de Gironde (sud-ouest de la France), en voie d’expulsion depuis août, a été assigné à résidence ce mercredi 6 novembre 2024 au terme de sa période légale de rétention en région parisienne, a annoncé la préfecture du département.
« Il demeure désormais en situation irrégulière sur le territoire et ne sera pas régularisé. Il doit pointer trois fois par jour au commissariat, n’a pas le droit de travailler et ses déplacements sont autorisés dans les limites de la commune de Pessac », a-t-elle précisé dans un communiqué.
Les autorités lui reprochent des propos ou prises de position (tenus ou relayés sur les réseaux sociaux) accusant la France de pratiquer une « islamophobie d’État ».
Il aurait aussi « justifié des actes terroristes » et « provoqué à la discrimination ou à la haine envers les pays occidentaux, l’État d’Israël ainsi que l’ensemble des personnes de religion juive ».
En cause, des messages « légitimant » l’attaque perpétrée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, ou saluant la mémoire de son ex-chef, Ismaïl Haniyeh, après son assassinat le 31 juillet à Téhéran.
Abdourahmane Ridouane, 59 ans, qui préside la mosquée de cette commune de l’agglomération bordelaise, avait été interpellé chez lui le 8 août en application d’un arrêté d’expulsion pris par le ministère de l’Intérieur et placé dans un centre de rétention administrative en région parisienne.
La durée légale de rétention (90 jours) a expiré mercredi matin. « Les autorités de son pays d’origine n’ayant pas encore délivré de laissez-passer consulaire, la procédure d’expulsion va désormais se poursuivre sous le régime de l’assignation à résidence », poursuit la préfecture.
Le président de la mosquée de Pessac doit parallèlement comparaître à Meaux (Seine-et-Marne) le 13 janvier pour « apologie du terrorisme », cette procédure pénale (déclenchée par un signalement du ministère de l’Intérieur) reposant sur les mêmes éléments que la procédure administrative.
D’ici là, le tribunal l’a placé sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer au commissariat une fois par semaine et… interdiction de quitter le territoire français.
Pour son avocat, Me Sefen Guez Guez, les conditions de l’assignation à résidence « relèvent clairement de l’acharnement », avec une obligation de pointage « 21 fois plus restrictive », si l’on compare le nombre de pointages hebdomadaires, que celle prévue par la justice.
Il va les contester devant le tribunal administratif.
© AVEC AFP