France : le nouveau gouvernement joue déjà sa survie, les retraites au coeur du débat

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Crédit Photo : RTBF

Après des semaines de crise politique, le Premier ministre de la France est très attendu ce mardi 14 octobre 2025, sur sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, où ses engagements sur les retraites dicteront la conduite des socialistes, qui détiennent la clé de la censure de son gouvernement.

A quelques heures de ce discours, Emmanuel Macron a mis la pression sur les socialistes en affirmant, lors de la première réunion du conseil des ministres, qu’il envisageait une dissolution en cas de censure du gouvernement. Il a appelé à la « stabilité institutionnelle » et au sens du « compromis », a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Lors de cette réunion a été entériné le projet de budget de l’État, en vue d’une éventuelle adoption d’ici le 31 décembre. Ce texte prévoit un effort d’une trentaine de milliards d’euros, selon un avis du Haut conseil des finances publiques (HCFP), consulté par l’AFP.

L’effort serait donc inférieur aux 44 milliards prévus initialement par l’ancien Premier ministre François Bayrou, renversé début septembre.

Quoi qu’il en soit, tout se jouera à partir de 15H00 (13H00 GMT) pour le Premier ministre, qui a formé dimanche soir son deuxième gouvernement en une semaine, à la tribune de l’Assemblée nationale.

Il y tiendra un discours de « droite sociale » visant une « sortie de crise », a assuré son entourage.

« Capable de bouger »

Si l’exercice impose qu’il aborde de nombreux sujets cruciaux pour le pays, l’attention sera focalisée sur deux thèmes: la fiscalité et la réforme des retraites.

La gauche a fait de la suspension de cette loi emblématique du deuxième mandat d’Emmanuel Macron, adoptée sans vote au parlement en 2023, une condition pour ne pas faire tomber le gouvernement.

« Nous demandons clairement la suspension immédiate et complète de la réforme », a répété lundi le patron des socialistes, Olivier Faure.

Le choix des socialistes sera décisif : leurs voix pourraient faire pencher la balance lors d’un vote pour renverser le gouvernement, ouvrant possiblement la voie à de nouvelles élections législatives. Si tout le reste de la gauche (gauche radicale, écologistes, communistes) et l’extrême droite et ses alliés votaient une censure, il ne faudrait qu’une vingtaine de voix socialistes (sur 66 députés) pour faire tomber le gouvernement.

En conseil des ministres, Sébastien Lecornu a assuré que le gouvernement était « capable de bouger », mais qu’il « ne (ferait) pas n’importe quoi ».

La France insoumise (gauche radicale) et le Rassemblement national (extrême droite) ont d’ores et déjà déposé des motions de censure, qui seront examinées jeudi à l’Assemblée nationale, ont affirmé mardi des sources parlementaires à l’AFP.

Elles n’ont guère de chance d’être adoptées, le parti socialiste ayant fait savoir qu’il ne voterait pas des textes venant de ces deux formations. Mais les socialistes pourraient déposer leur propre motion, après la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Budget trop « optimiste »

La suspension de la réforme des retraites, qui coûterait au moins 3 milliards d’euros en 2027 selon l’exécutif, fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat.

Signe de l’importance que revêt cette question pour le bon fonctionnement de la démocratie française, le nouveau prix Nobel d’économie français Philippe Aghion, tout juste primé lundi à la mi-journée, a plaidé le soir pour que la réforme des retraites soit « stoppée » jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2027.

Le projet de budget, qui repose sur des hypothèses de croissance un peu trop « optimistes » selon le Haut conseil des finances publiques, prévoit notamment une baisse des dépenses de l’État en 2026, tandis que côté recettes, l’essentiel de l’effort proviendra des plus aisés.

Sans attendre, la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen l’a jugé « terriblement mauvais ».

En signe de bonne volonté, M. Lecornu a annoncé ces derniers jours vouloir laisser toute latitude au Parlement pour modifier les textes budgétaires, sans avoir recours à l’article 49.3 qui permet des adoptions sans vote.

© Agence France-Presse

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