L’enquête, pour destruction de bien d’utilité publique, a été confiée aux policiers de la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, a précisé ce vendredi 15 août 2025, le parquet de Bobigny à l’AFP.
L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas de cette commune d’un peu plus de 50.000 habitants située en Seine-Saint-Denis, à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.
Son abattage a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et a été constaté jeudi par des agents de l’établissement public territorial Plaine Commune, dont Epinay-sur-Seine fait partie.
D’après le maire sans étiquette de la commune Hervé Chevreau, se basant sur les caméras de vidéosurveillance extérieures au jardin, un homme portant un sac à dos s’y est introduit à 1h50 alors que le parc ferme à 21H30.
« Abattre l’arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n’en sera rien: la Nation n’oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine », a écrit sur X le président Emmanuel Macron.
Présent à Epinay-sur-Seine, aux côtés du préfet Julien Charles, le grand rabbin de France Haïm Korsia a dit trouver « émouvant que l’Etat, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n’est pas juste un arbre qui a été coupé, c’est une espérance qu’on a cherché à saboter », avant de prier devant la stèle avec d’autres membres de la communauté juive.
Vendredi, le tronc de l’olivier apparaissait sectionné juste au-dessus de la plaque commémorative portant le nom d’Ilan Halimi.
Ce jeune Français juif de 23 ans avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana.
Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.
Son calvaire avait suscité une vive émotion dans le pays.
Arbre replanté
Plusieurs responsables politiques ont exprimé vendredi sur X leur émotion, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
« L’arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l’oubli, a été fauché par la haine antisémite », avait réagi dans la matinée sur X le Premier ministre François Bayrou, tandis que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dit éprouver « dégoût et colère ».
Eric Coquerel, député LFI de la circonscription, a dénoncé un acte antisémite « abject ». A droite, Eric Ciotti, patron de l’UDR alliée au Rassemblement national, y voit « un abominable symbole de l’explosion de l’antisémitisme dans notre pays ».
Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée.
D’autres arbres avaient été replantés.
Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, et Hervé Chevreau, maire d’Epinay-sur-Seine, se sont engagés à le faire « dans les meilleurs délais ».
Entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés, contre 662 sur la même période en 2024, soit une baisse de 24%, selon des chiffres diffusés début juillet par le ministère de l’Intérieur.
Ces faits restent toutefois en augmentation de 134% par rapport à janvier-mai 2023, avait précisé le ministère, qui souligne leur « niveau très élevé ».
En 2024, 1.570 actes antisémites avaient été recensés en France.
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