Sept Nigérians ont été condamnés dans la journée du 10 juillet 2024 à Paris à des peines de 10 à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir organisé entre 2018 et 2021 la prostitution de dizaines de femmes en Europe, à l’issue d’un procès qui a mis en lumière le poids des « cults« , réseaux criminels nigérians.
Tous ont également écopé d’interdiction définitive du territoire français, a-t-on appris de source judiciaire.
Le 8 juillet, l’avocat général Jean-Christophe Muller avait requis 18 ans de réclusion criminelle avec interdiction définitive du territoire à l’encontre des six accusés jugés pour proxénétisme en bande organisée et traite d’être humains, l’un d’eux était aussi jugé pour avortement forcé, et 15 ans à l’encontre d’un septième accusé, jugé lui uniquement pour proxénétisme.
Pendant ces deux semaines et demie de procès devant la cour criminelle départementale de Paris, plusieurs des 25 victimes identifiées de ce réseau étaient venues décrire les violences infligées par leurs proxénètes.
Elles se prostituaient dans le quartier de Château-Rouge à Paris et au bois de Vincennes. L’une avait ainsi expliqué recevoir « 10 à 15 clients par nuit, tous les jours« , et remettait « la totalité » de l’argent à son « petit ami« .
D’autres s’étaient décrites comme des « esclaves« : « Si je refuse… il me frappe« , « Je serais morte si j’avais gardé l’argent pour moi« , avaient-elles raconté tour à tour.
Certaines avaient témoigné par visioconférence, par peur des représailles. Leurs récits étaient souvent similaires: elles viennent pour la plupart de Benin City (sud du Nigeria), avec un parcours scolaire limité, ont vécu l’enfer des camps libyens et la traversée de la Méditerranée, et se prostituaient déjà quand elles ont rencontré les accusés en Europe – souvent sur Facebook.
Ces derniers, âgés de 27 à 44 ans, font tous partie de l’organisation Maphite, qui compte plusieurs « familles » dans différentes villes européennes. Confraternité étudiante à l’origine, elle s’est criminalisée dans les années 90, comme d’autres « cults« , ces « gangs » nigérians au fonctionnement « mafieux » selon la police, qui se développent notamment à Paris, Marseille et Lyon.
Les accusés ont assuré n’avoir jamais forcé aucune de leurs nombreuses « petites amies » à se prostituer.
La grande majorité des femmes ont avorté plusieurs fois de ces hommes qui « n’aimaient pas les préservatifs« . Elles ont décrit les « coups dans le ventre« , les médicaments pour provoquer les fausses couches jusqu’à 10 pour l’une d’elles.
Avec AFP