Une hausse des frais d’inscription pour certains étudiants étrangers extra-communautaires a été votée le lundi 1er décembre 2025 lors d’un conseil d’administration de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, au grand dam d’étudiants et enseignants-chercheurs qui la contestent.
Cette levée de l’exonération des droits d’inscription différenciés pour une partie des étudiants ne venant pas d’un pays de l’Union européenne a été votée par 18 voix pour, 15 voix contre et 3 absentions, a indiqué Paris 1 à l’AFP.
Elle concernera les étudiants extra-européens, sauf « les étudiants en exil » et ceux « figurant sur la liste des 44 pays les moins avancés définis par l’ONU », a précisé l’université.
Cette possibilité de différencier les droits d’inscription a été ouverte par la stratégie « Bienvenue en France », mise en place en 2019. Mais nombre d’universités, dont Paris 1, ne l’avaient jusque-là pas adoptée.
« Cette mesure a été votée à regret et sous la contrainte budgétaire, alors que l’université s’y refusait depuis 2019 », et ce alors qu’elle « subit depuis plusieurs années la multiplication des mesures décidées par l’État, avec un impact budgétaire certain », a souligné Paris 1 dans une déclaration transmise à l’AFP.
L’université « espère pouvoir revenir sur cette décision dès qu’elle aura retrouvé une situation budgétaire plus stable », a-t-elle ajouté.
Avec cette mesure, ces étudiants étrangers devront désormais payer 2.895 euros pour une année en cycle de licence, contre 178 euros, et 3.941 euros en master, contre 254 euros, selon les chiffres de l’organisme public Campus France.
Une centaine d’enseignants-chercheurs et personnels de Paris 1 dénoncent des « rustines discriminatoires », dont les conséquences seront « catastrophiques » pour ces étudiants, dans une tribune et une lettre ouverte à la présidente de l’université Paris 1 Christine Neau-Leduc, publiées samedi sur le site Afrique XXI.
Pour Marie-Emmanuelle Pommerolle, maîtresse de conférences en sciences politiques à Paris 1 et signataire de la tribune, cette mesure « est une ligne rouge ». Elle touchera des étudiants en provenance du Maghreb, d’Afrique ou d’Amérique Latine « à qui on demande déjà de provisionner leurs comptes en banque, qui ont les frais de visa, le loyer à payer », a-t-elle souligné. « Leur demander de payer 4.000 euros nous semble irréaliste ».
Une assemblée générale rassemblant quelque 200 étudiants et personnels avait déjà fait part la semaine dernière de son opposition.
« C’est une attaque énorme », a réagi auprès de l’AFP Luz Duchowney, étudiante élue au conseil d’administration de Paris 1 pour l’association étudiante Le Poing Levé. « Evidemment on va rester mobilisés ».
Dans un communiqué Le Poing Levé a dit « refuser que la Sorbonne devienne une université où (…) la préférence nationale devient la norme d’accueil ».
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