France : ce que le président Macron et Sarkozy se sont dit avant son incarcération demain

France : ce que le président Macron et Sarkozy se sont dit avant son incarcération demain

Crédit Photo : Apa.az

Le président français Emmanuel Macron a reçu son prédécesseur Nicolas Sarkozy, condamné dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, avant son incarcération mardi, jugeant cette entrevue « normale » « sur le plan humain ».

Jamais dans l’histoire de la République française ou de l’Union européenne, un ancien chef d’Etat n’a dormi derrière les barreaux.

Nicolas Sarkozy, 70 ans, doit être écroué dans la prison parisienne de la Santé, près d’un mois après sa condamnation pour « association de malfaiteurs » à cinq ans de prison. Ses avocats devraient déposer une demande de mise en liberté dès qu’il sera incarcéré.

« J’ai eu des propos publics toujours très clairs sur l’indépendance de l’autorité judiciaire dans le rôle qui est le mien », a affirmé Emmanuel Macron. « Mais il était normal que sur le plan humain, je reçoive un de mes prédécesseurs, dans ce contexte« , vendredi à l’Elysée, a ajouté le président français à l’issue d’un sommet des pays méditerranéens de l’Union européenne en Slovénie.

Nicolas Sarkozy, ancienne figure tutélaire de la droite française, avait déclaré fin septembre qu’il n’espérait « en aucun cas » être gracié après sa condamnation.

La grâce présidentielle ne s’applique qu’à une condamnation définitive et exécutoire, et n’est donc pas envisageable pour l’instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement.

– « Comte de Monte-Cristo » –

De son côté, le ministre français de la Justice Gérald Darmanin, un proche de l’ancien chef de l’Etat, a assuré qu’il irait le « voir en prison », s’inquiétant des « conditions de sécurité » lors de sa détention.

Relevant que le ministre de la Justice pouvait « aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu quand il le souhaite », M. Darmanin a fait valoir qu’il est de sa responsabilité de s’assurer de la bonne organisation de cette détention hors norme comme de la sécurité de l’ancien chef de l’Etat (2007-2012).

Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d’avoir laissé ses deux plus proches collaborateurs au ministère de l’Intérieur entamer des pourparlers à Tripoli en vue d’un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse par la Libye de Mouammar Kadhafi.

En cause, des réunions fin 2005 de Claude Guéant et Brice Hortefeux avec Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen, sous le coup d’une condamnation à la perpétuité en France pour l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989, dans lequel 170 personnes avaient trouvé la mort.

L’ancien président sera vraisemblablement installé dans une des 15 cellules de 9 m2 du quartier d’isolement, selon des agents pénitentiaires connaissant bien la Santé, la seule prison située à Paris.

Ce choix éviterait à Nicolas Sarkozy les interactions avec les autres détenus pour assurer sa sécurité et éviter toute photographie avec l’un de ces portables qui circulent sans autorisation en détention, expliquent ces sources.

Nicolas Sarkozy nie tout projet de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007 et s’est comparé aux condamnés innocents les plus célèbres de l’histoire et de la littérature française, Alfred Dreyfus et Edmond Dantès, comte de Monte-Cristo. Sur le réseau social X, son fils, Louis, a appelé chacun à « venir exprimer son soutien à Nicolas Sarkozy » près du domicile de l’ancien chef de l’Etat mardi matin.

Le 25 septembre, les juges avaient stupéfié la salle d’audience en assortissant d’un mandat de dépôt sa condamnation, sans attendre le procès en appel qui devrait se tenir avant l’été. Ils avaient invoqué l' »exceptionnelle gravité des faits », n’octroyant à l’ex-chef de l’Etat qu’un délai avant son incarcération pour lui laisser le temps de s’organiser.

Si le tribunal a reconnu qu’il n’avait pas été établi que des fonds étaient « in fine » arrivés dans les caisses de campagne, l’enquête a mis au jour des mouvements financiers depuis la Libye « dans le but de (la) financer », selon le jugement.

L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, principal accusateur dans ce dossier, est décédé et a été enterré au Liban le jour du jugement de Nicolas Sarkozy, le 25 septembre.

La cour d’appel aura deux mois pour examiner la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, mais l’audience devrait intervenir plus rapidement.

Le trouble à l’ordre public causé par l' »exceptionnelle gravité des faits », est un critère prévu pour un mandat de dépôt accompagnant une condamnation. Mais ce n’est plus le cas pour une demande de mise en liberté après un appel qui remet le prévenu dans la situation d’un innocent présumé.

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