L’ancien ministre LR de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est dit persuadé «qu’on va gagner la guerre» contre le narcotrafic grâce notamment à la nouvelle loi sur la lutte contre la criminalité organisée inspirée de la législation antiterroriste.
Avec ce texte «qu’on a fait voter et qui va copier un peu ce qui fonctionnait contre le terrorisme, avec une chaîne judiciaire spécialisée, avec un état-major, avec un chef de file, on aura des résultats. C’est une guerre et on va la gagner», a jugé M. Retailleau sur Europe 1/CNews.
La loi prévoit notamment l’installation d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) à compter du 1er janvier, sur le modèle du parquet national antiterroriste et du parquet national financier.
Elle comprend aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l’isolement les narcotrafiquants.
Si le parquet national doit encore être installé le 1er janvier, «l’état major a été créé, il va regrouper les services de renseignement de quatre ministères. Ce sera une force de frappe», a-t-il estimé.
Assassinat de Mehdi Kessaci
Il a renvoyé le Rassemblement national, qui juge cette loi «insuffisante», à ses «contradictions» parce que «le RN n’a pas voulu à l’Assemblée nationale permettre l’interception des messageries cryptées» qui est «capitale pour lutter contre ces grandes organisations criminelles». «Cela, je le regrette profondément», a-t-il insisté.
La lutte contre le narcotrafic est au cœur du débat public avec l’assassinat de Mehdi Kessaci, le frère d’un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.
La deuxième ville de France est régulièrement secouée par des «narchomicides», sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.
Au micro de la radio RTL, le maire de Marseille Benoît Payan (divers gauche) a fustigé une initiative de l’ex-ministre de l’Intérieur qui, en mars, confiait la fonction de préfet de police des Bouches-du-Rhône au préfet de département — Georges-François Leclerc, très récemment nommé à l’Élysée pour diriger le cabinet du président.
«Relâchement»
«Quelqu’un a eu la bonne idée de supprimer à Marseille le préfet de police, c’est-à-dire ce poste de plein exercice dans une ville qui est en pointe sur les questions de narcotrafic», a déploré M. Payan. Cette fonction avait permis d’obtenir sur le terrain des premiers résultats, même si, a-t-il concédé, «ce n’est pas assez».
«On est passé de 50 homicides à 18 puis à 9», a-t-il rappelé. «Et qu’est-ce qui est en train de se passer? Je suis en train de voir dans ma ville qu’il y a une forme de reprise en effet, des coups de pression, des tirs, depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas».
Le maire a critiqué «la doctrine d’emploi des forces de l’ordre», évoquant «un relâchement sur la question du narcotrafic» tandis que «l’accent a été mis autour de la poursuite permanente des personnes en situation irrégulière».
Avec AFP