En France, une peine de 15 mois de prison, dont cinq avec sursis, a été requise vendredi contre un influenceur qui s’était fait filmer en train de piquer avec une seringue – vide – des passants dans la rue, une « blague » dont il a reconnu la « violence » devant le tribunal correctionnel de Paris.
Dans ses réquisitions, le procureur a demandé que la partie ferme soit aménagée sous forme de détention à domicile avec bracelet électronique.
Sur les écrans de la salle d’audience, une vidéo TikTok de quelques secondes: un jeune homme masqué s’approche d’un passant, le pique par surprise avec une seringue, puis fait mine de le poursuivre sur ce boulevard parisien, le bras levé, seringue à la main, pendant que la victime apeurée prend la fuite.
La victime, un quinquagénaire, est la seule à avoir déposé plainte, alors que plusieurs autres séquences, toutes tournées en juin à Paris, ont reproduit le même « canular » – ou « prank » en anglais – auprès de nombreux badauds.
« A chaque fois, après, je leur disais +C’est une blague+, et alors ça redescendait instantanément », explique à la barre l’influenceur, « Mojito » pour ses milliers de followers, Ilan M., 27 ans, à l’état-civil. Ou encore « le piqueur fou », tel qu’il avait titré ses vidéos.
Quid du quinquagénaire qui s’est fait reconnaître sept jours d’ITT en raison du « choc traumatique »? « Je n’ai pas pu lui dire que c’était une blague parce qu’il s’est enfui », poursuit-il, selon lui seule exception à sa déontologie.
A la barre, le jeune homme qui comparaît libre, fait profil bas: « Je n’ai pas pensé à ces gens, je leur ai fait peur », « même moi j’aurais peur si quelqu’un s’approchait avec une seringue ».
Ses motivations? Retrouver une audience sur les réseaux pour promouvoir un projet professionnel de « programme sportif », en s’inspirant de vidéos similaires tournées quelques mois plus tôt au Portugal et devenues virales.
Malgré les millions de vues de ses « pranks », il jure ne pas avoir touché un centime de la plateforme chinoise.
Mais, pour le procureur, « on ne peut pas tout accepter sur le thème du divertissement, de la course au like », d’autant que, à l’époque des faits, « nous sommes dans un climat » de multiplication de plaintes pour des piqûres anonymes, notamment lors de la Fête de la musique: 145 recensées ce soir-là, même si leur matérialité n’a pu être établie pour la plupart.
Le prévenu, qui avait été placé en détention provisoire dans un premier temps, a eu « le tort (…) de faire des blagues pas drôles: « sûrement un délit, voire une contravention », a plaidé son avocat.
Délibéré attendu le 3 octobre.
Avec AFP