Alors que le franc CFA est régulièrement décrié par les militants panafricanistes comme un symbole de la domination néocoloniale française, la donne semble en train de changer.
Selon plusieurs sources concordantes, la devise commune aux 14 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale serait actuellement très prisée au Nigeria et au Ghana. Tout du moins c’est qu’il est possible de constater à travers les informations relayées par nos confrères de Koaci.
En effet, face à l’effondrement continu du naira nigérian et du cedi ghanéen, de nombreux cambistes et opérateurs économiques se ruent sur la monnaie CFA, jugée bien plus stable.
Résultat des courses : dans les bureaux de change, 1000 francs CFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas au Nigeria, soit l’équivalent d’environ 4 dollars.
C’est le même enthousiasme au Ghana voisin, où la conversion se fait quasiment à parité avec le dollar américain. Preuve d’une ruée sur les liquidités en francs CFA, au détriment des monnaies nationales dépréciées.
Le franc CFA toujours stable
Pour rappel, le franc CFA est arrimé à l’euro via une parité fixe garantie par la France (1 € = 655,96 Fcfa). Une stabilité monétaire qui contraste avec les déboires des devises nigériane et ghanéenne, variable d’ajustement des difficultés économiques de ces deux poids lourds ouest-africains.
Cet engouement inattendu tranche avec les critiques récurrentes dont le Fcfa fait l’objet depuis sa création par la France en 1945. Perçu comme un avatar du contrôle néocolonial de Paris sur ses anciennes colonies, ce « franc des colonies françaises d’Afrique » était encore vilipendé il y a peu par certains leaders panafricanistes.
Mais les crises monétaires au Nigeria et au Ghana semblent avoir balayé en partie ce sentiment anti-Franc CFA. La bonne tenue de la devise commune à huit pays d’Afrique de l’Ouest et six d’Afrique centrale séduit désormais bien au-delà de sa zone d’émission. Au point que le Nigeria et le Ghana, poids lourds anglophones, en viennent à jalouser la solidité du franc hérité de la colonisation.
Un paradoxe révélateur des limites structurelles des économies ouest-africaines, incapables de gérer leurs monnaies nationales sans dévaluation.
D’où la tentation pour Accra et Lagos de jeter dorénavant leur dévolu sur une intégration de leurs pays au sein de la zone Franc CFA. Loin des discours politiques, la réalité économique semble donner raison à la résilience de cette devise coloniale.
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