La question du code bancaire dans le couple, symbole de confiance ou frontière de l’intimité ?
Le coach ivoirien Jean François Yoman tranche net cette interrogation. « On parle ici de quelqu’un qu’on aime, d’une famille qu’on veut construire ! Ma question est simple : finalement, on travaille et on gagne de l’argent pour qui ? », assène-t-il avec conviction. Sa position repose sur une logique d’intimité partagée : si l’on partage son corps, son quotidien, pourquoi pas son code bancaire ?
Cette vision du couple comme entité fusionnelle trouve un écho certain dans les pratiques matrimoniales traditionnelles. Le régime matrimonial le plus courant, celui de la communauté des biens, s’appuie précisément sur ce principe : partager équitablement les ressources financières. Selon une enquête de l’INSEE, 80% des couples mariés possèdent d’ailleurs un compte joint, manifestation concrète de cette mise en commun.
Pourtant, la frontière entre union et autonomie s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. « Chacun des conjoints est responsable et propriétaire des biens, meubles comme immeubles, qu’il a acquis, avant ou pendant la période de vie du couple », rappelle le Crédit Mutuel dans ses conseils aux couples mariés sous le régime de séparation de biens. Une réalité juridique qui souligne la possibilité d’une forme d’autonomie au sein même du couple.
La sociologue Caroline Henchoz, spécialiste des questions d’argent dans le couple, nuance cette approche binaire. « Le partage financier absolu n’est ni un gage automatique d’amour ni une obligation morale. Certains couples épanouis maintiennent des espaces d’autonomie financière tout en construisant un projet commun », explique-t-elle dans ses travaux.
La question du code bancaire cristallise, au fond, des représentations divergentes de ce que signifie faire couple. Partage total comme preuve d’amour ou respect d’espaces d’intimité comme marque de confiance ? Chaque dyade conjugale trace sa propre ligne de démarcation, entre fusion et autonomie, dans un équilibre toujours à réinventer.