Foot : France-Israël, un rendez-vous à haut risque et ultra-sécurisé

France-Israël : un député français demande en vain l'annulation du match ; la raison

Crédit Photo : 20 Minutes

L’équipe de France reçoit Israël dans une ambiance très tendue, ce jeudi 14 novembre 2024 au Stade de France où un dispositif sécuritaire exceptionnel a été mis en place en plein conflit au Proche-Orient, dans un climat exacerbé par les violences de la semaine dernière en marge d’un match du Maccabi Tel-Aviv à Amsterdam.

La pression est à son comble avant ce rendez-vous comptant pour la Ligue des nations dont l’enjeu sportif est largement éclipsé par le contexte géopolitique. La sécurisation du match est devenue une problématique majeure alors que l’Europe fait face à une montée des actes racistes et antisémites depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza en octobre 2O23.

Les craintes de débordements ont été renforcées après les graves incidents qui ont suivi la rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, dans la nuit du 7 au 8 novembre à Amsterdam. Des supporteurs israéliens ont été pourchassés et battus dans les rues de la capitale néerlandaise, des attaques qui ont fait de 20 à 30 blessés et suscité l’indignation de nombreuses capitales occidentales.

Les fans du Maccabi s’étaient aussi illustrés avant la partie en entonnant des chants anti-arabes et en brûlant un drapeau palestinien sur la place centrale du Dam.

Mais pas question pour les autorités françaises de renoncer à l’organisation du match. Dès le lendemain des événements d’Amsterdam, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a exclu cette possibilité, prenant le contre-pied de la Belgique qui avait refusé d’accueillir Israël, le 6 septembre à Bruxelles, et avait décidé d’affronter son adversaire à Debrecen en Hongrie.

4.000 policiers et gendarmes

« Certains demandent la délocalisation du match France-Israël. Je ne l’accepte pas : la France ne recule pas, car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme », a-t-il écrit sur X, vendredi.

Un total de 4.000 policiers et gendarmes seront déployés autour et, fait rare, dans le stade, ainsi que dans les transports en commun et dans Paris. Environ 1.600 agents de sécurité seront également mobilisés au Stade de France et le Raid, l’unité d’élite de la police nationale, est engagé pour la sécurité de l’équipe d’Israël, enfermée dans une bulle depuis son arrivée en France lundi.

Seuls les drapeaux français et israélien seront autorisés dans le stade et les bannières palestiniennes, de même que « les messages à caractère politique » seront bannis, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez. Tout autre drapeau, même des régions françaises, sera interdit, a précisé une source policière.

Israël a appelé dimanche ses fans à éviter de se rendre au Stade de France, mais une « centaine de supporters israéliens » seront présents, de source policière.

« Je leur dis évidemment de venir. Toutes les conditions de sécurité sont garanties dans les transports, à l’entrée du stade, pendant le match. Donc je me veux à la fois rassurant mais en même temps très ferme. Pour ceux qui veulent causer des troubles, la réponse des forces de sécurité intérieure sera extrêmement ferme », a déclaré jeudi Laurent Nuñez sur France Info.

L’enceinte de Saint-Denis (80.000 places) sonnera de toute façon particulièrement creux puisque de 12.000 à 25.000 spectateurs seulement sont attendus.

On se dirige donc vers la plus faible affluence de l’histoire de ce stade (36.842 spectateurs pour France-Nouvelle Zélande en 2003).

Macron, Sarkozy, Hollande

La tribune d’honneur sera cependant bien remplie. Le président de la République Emmanuel Macron y sera, pour « envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam », selon son entourage.

Ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que le Premier ministre Michel Barnier assisteront au match, selon plusieurs médias.

Sur le terrain, les Bleus de Didier Deschamps, privés pour le deuxième mois d’affilée de leur capitaine et superstar Kylian Mbappé, vont tenter de décrocher leur billet pour les quarts de finale de la Ligue des nations. Deuxièmes de leur groupe, ils n’ont besoin que d’un nul pour se qualifier.

Même sans Mbappé, la tâche ne devrait pas être insurmontable, un mois après un succès aisé face aux mêmes Israéliens à Budapest (4-1). Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’ombre de l’attaquant, qui accumule les déboires (Euro-2024 raté, conflit financier avec le PSG, intégration laborieuse au Real Madrid, accusations de viol émanant de la presse suédoise), planera forcément sur Saint-Denis.

En octobre, la défection de Mbappé n’avait pas eu trop d’incidence sur le rendement des vice-champions du monde, victorieux d’Israël et de la Belgique à Bruxelles (2-1). Même si Deschamps doit aussi se passer des services d’Ousmane Dembélé, touché à la cuisse, et devra remodeler son secteur offensif, il a toutes les cartes en mains pour arracher la qualification avant de boucler cette phase de poules et l’année 2024 contre l’Italie, dimanche à Milan.

© AVEC AFP