Festival de Cannes : une centaine de personnalités réclament une « loi intégrale » contre les violences s3xuelles

Cinéma / Festival de Cannes : environ 35.000 personnes et 22 films attendus

Crédit Photo : Instagram / Festival de Cannes (image d'illustration)

« Qui nous écoute vraiment ? » : sept ans après le lancement du mouvement #Metoo, plus d’une centaine de personnalités, dont de nombreuses actrices, appellent, dans une tribune publiée ce mardi 14 mai 2024, jour de l’ouverture du festival de Cannes, à une « loi intégrale » contre les violences s3xuelles.

« Nous sommes 100 (nombre de signataires à l’origine, NDLR), mais en réalité, nous sommes des centaines de milliers », écrivent les 147 signataires du texte assorti d’une pétition initiée par La Fondation des femmes, #Metoomédia et l’actrice Anna Mouglalis.

« Nos prises de parole #Metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni: les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant (…) qui nous écoute vraiment ? », peut-on lire dans la tribune également publiée sur le site du quotidien Le Monde.

Parmi les signataires, figurent les actrices Isabelle Adjani, Charlotte Arnould, Emmanuelle Béart, Juliette Binoche, Emma de Caunes, Judith Godrèche, Isild Le Besco, Muriel Robin, les autrices Leïla Slimani, Christine Angot, Vanessa Springora ou encore le comédien Philippe Torreton.

« Depuis sept ans, nous parlons pour nous et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire », écrivent-ils. « Nous ne sommes pas des chiffres : femmes et hommes de tous milieux professionnels, nous nous rassemblons pour demander une loi intégrale contre les violences s3xuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit. »

Retard abyssal

Les signataires jugent notamment « inacceptable » que le classement sans suite des plaintes pour violences s3xuelles « ait atteint le taux délirant de 94% en 2022 » et préviennent qu’ils n’acceptent plus « les effets d’annonce sans suite ».

« L’ajout du seul mot consentement dans la loi ne permettra pas de rattraper le retard abyssal de la France en la matière », estiment-ils, en référence à l’engagement pris en mars par le président de la République Emmanuel Macron.

Les signataires demandent « une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du viol et du consentement, introduire celle de l’inceste, de juger les vi0leurs en série pour tous les vi0ls connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de vi0ls, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé s3xuel des victimes ».

Cette loi doit également permettre « un accès immédiat et gratuit à des soins en psycho-traumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place », ajoutent-ils.

La publication de cette pétition survient après plusieurs mois de révélations sur des violences s3xuelles commises dans le milieu du cinéma, avec les témoignages notamment de Judith Godrèche ou d’Isild Le Besco.

Refusant de s’exprimer sur les accusations lancées contre les réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot, l’acteur Vincent Lindon a appelé, dans une interview au journal Le Figaro mardi, l’Etat à agir contre les violences s3xuelles.

« Le système judiciaire met beaucoup trop de temps à trancher. Le système policier ne prend pas assez au sérieux les plaintes », estime-t-il.

Impunité

« Depuis 2017, il ne s’est en réalité pas passé grand-chose dans la lutte contre les violences s3xuelles », estime auprès de l’AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. « L’augmentation des plaintes a vu en parallèle une augmentation des classements sans suite, #Metoo est en train d’être envoyé à la poubelle ».

« Si on ne résout pas le problème de moyens pour les enquêtes, pour les tribunaux, l’intégration de la notion de consentement dans la définition du vi0l ne changera rien, il faut la volonté politique de vraiment résoudre le problème de l’impunité », ajoute-t-elle. « Or à l’heure actuelle, il n’y pas cette volonté politique ».

Dans une déclaration à l’AFP, la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, dit « partager pleinement » l’exigence des signataires concernant la lutte « nécessaire et résolue pour éradiquer les violences s3xuelles ».

« Je suis à la disposition de tous les signataires pour échanger sur les leviers qui doivent être mobilisés », ajoute-t-elle. « Nous devons collectivement être à l’écoute et entendre la parole des victimes, c’est toute la société qui doit se sentir concernée ».

© avec l’AFP

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