Le procès en appel d’une journaliste burundaise a été de nouveau reporté sine die ce mardi 11 mars 2025, faute de carburant pour l’amener de la prison au tribunal selon plusieurs sources, ses proches soupçonnant de leur côté une manœuvre destinée à l »affaiblir ».
Sandra Muhoza, condamnée mi-décembre à un an et neuf mois de prison, notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire, est détenue à la prison centrale de Mpimba, dans la périphérie de Bujumbura, capitale économique de ce pays où le pouvoir est accusé par des ONG de faire taire les « voix discordantes ».
« La présidente de la Cour d’appel de Bujumbura a annoncé à la défense de Sandra Muhoza que son procès était reporté sine die, parce qu’ils n’ont pas pu trouver de l’essence pour le véhicule qui devait l’amener de la prison au tribunal », a déclaré à l’AFP un proche sous couvert d’anonymat.
Une source judiciaire a confirmé ce report et sa justification, précisant que la juridiction « n’a pas encore fixé de nouvelle date ».
Le procès en appel
Le procès en appel, initialement prévu le 5 mars, avait déjà été reporté au 11 mars.
Le Burundi, pays enclavé classé comme l’un des plus pauvres au monde, connaît des pénuries chroniques, notamment de carburants depuis plus d’un an, sur fond de crise socio-économique accrue.
« Nous sommes profondément choqués par ces reports qui ne font que prolonger la souffrance de Sandra et la nôtre », a toutefois souligné le proche de la journaliste, affirmant que le tribunal avait la première fois « oublié de l’inscrire sur la liste des comparants. »
« Nous avons l’impression qu’on cherche à retarder intentionnellement son procès, à l’isoler, à l’affaiblir psychologiquement », a-t-il ajouté.
Les avocats et la famille de la journaliste, qui travaillait pour le média en ligne La Nova Burundi et est détenue depuis avril 2024, dénoncent un dossier « vide ».
Des organisations internationales et locales ont appelé fin février à sa libération immédiate, affirmant que la justice burundaise était devenue un « outil de persécution de toutes les voix discordantes ».
Depuis sa prise de fonction en 2020, le président burundais Evariste Ndayishimiye oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants « généraux », et ferme contrôle du pouvoir, marqué selon des ONG par des atteintes aux droits humains.
Le Burundi pointe au 108ᵉ rang (sur 180) du classement 2024 sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).
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