Le juge fédéral James Boasberg avait suspendu le 15 mars toute reconduite à la frontière fondée exclusivement sur la loi de 1798 sur « les ennemis étrangers », alors que plus de 200 personnes présentées comme membres du gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » en février, étaient en cours d’expulsion par avion.
« Au lieu de se conformer à la décision du tribunal, le gouvernement a poursuivi l’opération d’expulsions à la hâte », avait déploré le juge Boasberg en avril, estimant que l’administration Trump avait « délibérément bafoué » son interdiction et qu’il existait contre elle une forte présomption « d’outrage ».
Dans une décision rendue à deux voix contre une, la cour d’appel du district de Columbia a annulé vendredi ce jugement.
Les deux juges nommés par Donald Trump au sein de la cour d’appel ont estimé que James Boasberg avait outrepassé son autorité, le troisième juge, nommé par l’ancien président démocrate Barack Obama, exprimant son désaccord.
Neomi Rao, nommée par Trump, a déclaré que la conclusion du juge Boasberg constituait un « abus du pouvoir d’outrage » et une « intrusion dans l’autorité du président en matière d’affaires étrangères ».
La juge Nina Pillard a défendu son opinion dissidente, selon laquelle « l’Etat de droit repose sur l’obéissance aux décisions judiciaires ».
« Notre système judiciaire ne peut perdurer si les parties en désaccord défient les décisions de justice en toute impunité plutôt que de les contester légalement », a-t-elle ajouté.
La ministre de la Justice Pam Bondi s’est félicitée sur X d’une « victoire majeure » pour l’administration Trump.
La cour fédérale d’appel « a confirmé ce que nous soutenons depuis des mois : la tentative du juge Boasberg de sanctionner le gouvernement pour avoir expulsé des terroristes étrangers criminels constituait un abus manifeste de pouvoir », a-t-elle déclaré.
Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés.
Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, ce dont il s’est indigné à plusieurs reprises.
Le président avait notamment appelé en mars à « destituer » le juge Boasberg.
Cette campagne de l’exécutif contre le pouvoir judiciaire avait suscité une rarissime mise au point du président de la Cour suprême.
« La destitution n’est pas une réponse appropriée à un désaccord à propos d’une décision de justice », avait rappelé dans un communiqué John Roberts.
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