Depuis le début du mois de septembre, au moins 14 ressortissants ouest-africains ont été expulsés des États-Unis vers le Ghana, certains ayant enduré le vol de 16 heures en « camisoles de force ».
Ces hommes, originaires du Nigeria, du Mali, du Togo, du Liberia et de la Gambie, n’ont aucun lien avec le Ghana ils y ont été envoyés dans le cadre de ce que l’administration Trump appelle des « déportations vers des pays tiers ».
Le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, a tenté de minimiser cette coopération controversée, affirmant que le Ghana acceptait les personnes expulsées vers un pays tiers « uniquement pour des raisons humanitaires » et qu’aucune compensation financière n’avait été reçue de la part des États-Unis.
Pourtant, la levée quasi-simultanée des restrictions de visa semble indiquer une forme de contrepartie diplomatique.
Cette stratégie révèle la complexité géopolitique de la gestion migratoire moderne. Les États-Unis, confrontés à des restrictions judiciaires qui empêchent le renvoi direct de certains migrants vers leurs pays d’origine, contournent ces obstacles en utilisant des pays tiers comme le Ghana.
Un juge fédéral a d’ailleurs accusé l’administration Trump de faire un « détour » autour des ordonnances judiciaires américaines interdisant l’expulsion de ces migrants.
Le paradoxe est frappant : certains de ces individus avaient obtenu une protection des tribunaux d’immigration américains contre leur déportation vers leurs pays d’origine, mais se retrouvent néanmoins expulsés via le Ghana, qui les renvoie ensuite chez eux. Au moins six ont déjà été renvoyés vers le Togo, selon leurs avocats.
Les enjeux diplomatiques cachés
Cette coopération migratoire s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les États-Unis et l’Afrique.
En juin 2025, l’administration Trump avait imposé des restrictions de visa drastiques pour le Cameroun, l’Éthiopie, le Ghana et le Nigeria, limitant leurs citoyens à des visas à entrer unique de trois mois au lieu des visas multi-entrées de deux ans ou plus accordés précédemment.