Les prix du cacao ont explosé ces dernières années. Ils sont passés de 2 000 dollars la tonne en 2017 à 12 000 dollars en 2024. Cette hausse profite différemment aux pays africains producteurs. Certains s’enrichissent plus que d’autres selon leur système de commercialisation.
Il faut tout d’abord retenir que l’Afrique domine le marché mondial du cacao. Et pour cause, quatre pays africains figurent dans le top 5 des producteurs mondiaux.
La Côte d’Ivoire arrive en première position, suivie du Ghana. Ces deux pays assurent plus de la moitié de l’approvisionnement mondial. Le Nigeria occupe la quatrième place et le Cameroun la cinquième. Seul l’Équateur, en troisième position, n’est pas africain.
Cependant, tous les producteurs africains ne profitent pas également de cette hausse des prix. Les systèmes de commercialisation diffèrent entre les pays. Certains utilisent un système régulé où l’État fixe le prix d’achat. D’autres ont choisi un système libéralisé où les prix suivent les cours mondiaux.
Les pays africains qui profitent de la hausse des prix du cacao
Le Cameroun figure parmi les grands gagnants de cette situation. Ce pays produit environ 300 000 tonnes de cacao par an. Il a adopté un système libéralisé qui permet aux producteurs de profiter pleinement des cours élevés. Le prix de vente des fèves camerounaises atteint actuellement 5 000 francs CFA le kilo. Ce tarif fait envie aux producteurs des autres pays africains.
En plus, le Cameroun dispose encore de forêts suffisantes pour augmenter sa production. Cette capacité d’expansion lui permet de vendre plus de cacao aux prix élevés actuels. Le secteur se dynamise et attire de nouveaux investissements. Les recettes d’exportation du cacao augmentent considérablement pour l’économie camerounaise.
Le Liberia représente un autre exemple de pays bénéficiaire. Il s’agit d’un nouveau producteur qui monte en puissance. Le pays dispose de plantations jeunes et productives. Il possède également des forêts encore inexploitées et un important vivier de travailleurs. Son système libéralisé propose un tarif attractif entre 2 500 et 3 000 francs CFA le kilo.
À l’inverse, la Côte d’Ivoire et le Ghana rencontrent des difficultés. Ces deux géants du cacao utilisent un système régulé. L’État fixe le prix d’achat des fèves chaque année. Ce système protège les petits producteurs lors des périodes de prix bas. Néanmoins, il ne permet pas de profiter pleinement des cours élevés actuels.
En Côte d’Ivoire, le prix d’achat est passé de 800 francs CFA le kilo en 2017 à 2 200 francs CFA en 2024. Cette hausse améliore le niveau de vie des producteurs. Elle permet l’achat de motos et l’entretien des plantations. Pourtant, ce prix reste inférieur à celui des pays à système libéralisé.
Le Ghana traverse une période encore plus difficile. Sa production baisse depuis plusieurs années. La récolte 2023-2024 n’a atteint que 550 000 tonnes, soit la plus faible performance depuis vingt ans. Le pays fait face à des difficultés financières importantes. Sa monnaie nationale, le Cédi, connaît une volatilité extrême.
Le Nigeria possède un potentiel important à exploiter. Il produit déjà près de 350 000 tonnes de cacao par an. Le pays vise 500 000 tonnes à court terme. Il a créé un office national du cacao pour développer la filière. Cependant, ce potentiel doit encore se concrétiser sur le terrain.
D’autres pays africains émergent également. La Guinée et la Sierra Leone développent leurs productions de cacao. Ces pays voisins du Liberia totalisent environ 200 000 tonnes annuelles. Ils suivent une trajectoire ascendante grâce aux prix élevés du cacao.
Au final, l’explosion des prix du cacao profite inégalement aux pays africains. Les systèmes libéralisés permettent de mieux tirer parti des cours élevés. Les pays émergents comme le Cameroun et le Liberia s’enrichissent davantage que les géants traditionnels. Cette situation pourrait redessiner la géographie de la production cacaoyère africaine dans les années à venir.