En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, la Suisse, pays d’Europe, a bien l’intention de tirer son épingle du jeu, comme le montrent les 29 000 milliards annoncés comme un nouvel investissement.
Concrètement, le géant pharmaceutique helvétique Roche a informé d’un plan d’investissement massif de 50 milliards de dollars (soit environ 29 000 milliards de francs CFA) sur le territoire américain durant les cinq prochaines années.
Cette décision intervient dans le sillage de son concurrent Novartis, qui avait récemment dévoilé un projet similaire de 23 milliards de dollars, confirmant ainsi l’importance cruciale du marché américain pour l’industrie pharmaceutique suisse.
Il faut savoir que les États-Unis représentent actuellement plus de la moitié du chiffre d’affaires de la division pharmaceutique de Roche, leader mondial en oncologie.
En 2024, les ventes américaines ont atteint près de 24,8 milliards de francs suisses (26,5 milliards d’euros), soit 53,7% des revenus mondiaux de cette division.
Ce nouvel investissement témoigne de la confiance du groupe dans ce marché, malgré les tensions commerciales initiées par l’administration Trump.
En effet, la situation reste ambivalente pour le secteur pharmaceutique qui, bien qu’initialement exempté des droits de douane annoncés en avril, fait désormais l’objet d’une enquête du ministère américain du Commerce concernant les « effets sur la sécurité nationale » des importations de produits pharmaceutiques.
Comment seront utilisés les 29 000 milliards de la Suisse aux États-Unis ?
Selon le communiqué publié par Roche, ces 50 milliards de dollars serviront principalement à développer ses capacités de production sur le sol américain.
Les investissements se concentreront dans plusieurs États, notamment le Kentucky, l’Indiana, le New Jersey, l’Oregon et la Californie, avec l’annonce prochaine d’un site supplémentaire.
Le groupe suisse possède déjà une présence substantielle aux États-Unis avec 13 usines de production et 15 centres de recherche et développement, employant 25 000 personnes.
Les nouveaux investissements promettent la création de « 12 000 emplois » supplémentaires, dont « près de 6 500 » dans le secteur du bâtiment et « 1 000 emplois » dans les installations de production.
Cette expansion permettra à Roche d’atteindre un objectif significatif : « exporter davantage de médicaments à partir des États-Unis qu’il n’en importera », une position déjà acquise par sa division diagnostics qui génère un surplus d’exportation avec ses produits fabriqués localement.
Par ailleurs, l’analyste Stefan Schneider de Vontobel souligne que ces annonces d’investissements massifs, qu’elles aient été planifiées antérieurement ou non, devraient surtout « aider à ne pas déclencher des droits de douane pour l’industrie pharmaceutique suisse ».
Les enjeux sont considérables car l’imposition de telles barrières commerciales pourrait « sévèrement ébranler les chaînes d’approvisionnement mondiales pour les fabricants de médicaments », avec des conséquences potentiellement préjudiciables pour les patients.
Suite à cette annonce, le titre Roche a connu une baisse de 1,68% à 251,30 francs suisses lors des premiers échanges, dans un contexte général baissier où l’indice SMI de la Bourse suisse reculait de 1,33%. Parallèlement, l’action Novartis se repliait de 0,43% à 90,24 francs suisses.
Ces investissements massifs des groupes pharmaceutiques suisses aux États-Unis témoignent de l’interdépendance économique croissante entre les deux pays, malgré les tensions commerciales.
Ils confirment également le rôle du marché américain pour l’industrie pharmaceutique mondiale, particulièrement dans des domaines comme l’oncologie, l’hémophilie et le diagnostic médical, où les entreprises suisses occupent des positions de leaders mondiaux.
Pour les États-Unis, cet afflux de 29 000 milliards de francs CFA représente non seulement une source importante de création d’emplois, mais aussi un renforcement significatif de leurs capacités de production pharmaceutique nationale, un secteur considéré comme stratégique pour la sécurité sanitaire du pays.