En Europe, le gouvernement de gauche espagnol a proposé vendredi 3 octobre 2025 d’inclure dans la Constitution le droit à l’avortement, légal depuis 2010, après une mesure polémique de la municipalité de Madrid perçue comme une limitation pour les femmes.
La polémique a éclaté mardi 30 septembre 2025, lorsque la mairie de Madrid, dirigée par le Parti Populaire (PP, droite), a approuvé une proposition portée par l’extrême droite et visant à obliger les services médicaux à avertir les femmes souhaitant interrompre leur grossesse d’un « syndrome post-avortement », qui pourrait entraîner « consommation d’alcool et de drogues (…), pensées suicidaires » et « augmentation des cancers ».
« Le syndrome post-avortement est quelque chose de délibérément caché, en particulier en Espagne », affirme le texte, qui indique également que « l’avortement est un grand business pour l’idéologie qui le soutient et le promeut : le féminisme ».
Dans un premier temps, le PP a défendu et voté la proposition, mais le maire de Madrid José Luis Martínez-Almeida, lui-même membre de ce parti, a admis jeudi 2 octobre 2025 que le syndrome post-avortement n’était pas une « catégorie scientifique reconnue » et garanti qu’il ne serait pas obligatoire d’en informer les femmes souhaitant avorter.
Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a néanmoins rebondi sur le sujet, accusant sur X le PP d’avoir « décidé de fusionner avec l’extrême droite » et annonçant qu’il soumettrait au Parlement une proposition visant à inclure le droit à l’avortement dans la Constitution.
Une réforme constitutionnelle semble toutefois très difficile, car elle requiert une majorité des trois cinquièmes du Parlement, ce qui rend indispensable le soutien de la droite.
En Espagne, un pays considéré comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été dépénalisée en 1985 et légalisée en 2010.
Mais il reste un droit assorti d’obstacles dans ce pays de tradition catholique, comme l’objection de conscience de nombreux médecins dans les hôpitaux publics, qui oblige beaucoup de femmes à parcourir des centaines de kilomètres pour avorter.
L’extrême gauche, partenaire des socialistes au gouvernement, a proposé en mars 2024 d’inclure le droit à l’avortement dans la Constitution, une idée soutenue ensuite par Pedro Sánchez.
La France est devenue l’année dernière le premier et le seul pays au monde à inclure explicitement dans sa constitution le droit à l’interruption volontaire de grossesse.