Étudiants, préparez-vous : l’Ouganda lance sa grande révolution digitale

Ouganda

Crédits photo : Données de Google

L’Ouganda entend transformer ses facultés en moteurs du développement numérique. Le ministre Chris Baryomunsi a appelé mercredi 12 novembre 2025 les universités à dépasser leur rôle d’enseignement pour devenir des acteurs centraux de la modernisation du pays. Cette orientation marque un virage dans la politique technologique ougandaise.

L’annonce est tombée lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans la capitale. Baryomunsi, responsable des Technologies de l’information et de la communication, a exhorté les établissements supérieurs à s’engager davantage dans la recherche appliquée et l’innovation. Fini le temps où les amphithéâtres se contentaient de transmettre des savoirs théoriques. Les universités doivent maintenant produire des solutions concrètes.

Cette ambition repose sur une collaboration étroite entre le secteur public, le privé et le monde académique. Les domaines visés ? La cybersécurité, la gouvernance électronique, l’intelligence artificielle.

Des secteurs où l’Ouganda accuse encore des retards malgré les investissements consentis ces dernières années. « La collaboration entre le gouvernement et les universités est essentielle si nous voulons bâtir une économie fondée sur la connaissance », a déclaré Baryomunsi lors de son discours. Il a ajouté : « Nous nous engageons à continuer à soutenir les institutions qui transforment l’enseignement supérieur grâce à la technologie. »

Le pays compte 52 universités et 184 centres de formation technique. Environ 259 000 étudiants suivent actuellement des cursus dans ces établissements.

Kampala veut que chacun d’eux contribue à la transition numérique nationale. L’État mise sur les compétences académiques pour accélérer la digitalisation des services publics. L’entrepreneuriat numérique figure aussi parmi les priorités. Enfin, le gouvernement entend renforcer la compétitivité du pays dans la région des Grands Lacs.

L’UNESCO a apporté son appui en septembre 2025. L’organisation onusienne a signé un partenariat avec Kampala pour faire des TIC un levier d’amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage. Cette collaboration vise également à doter enseignants et élèves des compétences nécessaires dans un monde où le numérique s’impose partout. Le pays avait déjà investi 75 millions de dollars dans une infrastructure dorsale nationale qui connecte désormais les grandes villes par fibre optique. Bref, les fondations existent.

La stratégie nationale ougandaise porte un nom : Vision 2040. Ce document fixe des objectifs ambitieux en matière de transformation numérique. Les autorités veulent construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation. Pour y parvenir, elles comptent sur la recherche universitaire.

Les établissements doivent non seulement former une main-d’œuvre qualifiée, mais aussi concevoir et maîtriser leurs propres technologies. Une ambition que certains jugent démesurée compte tenu des moyens disponibles.

L’Ouganda a progressé rapidement ces dernières années. Le taux de parité numérique entre hommes et femmes est passé de 41,7 % en 2013 à 76,1 % en 2023, selon l’Agence Ecofin. Cette performance place le pays en tête de l’Afrique subsaharienne pour ce critère. Des programmes ciblés d’inclusion numérique des femmes expliquent cette évolution. Pourtant, des obstacles persistent. Le coût d’Internet reste prohibitif pour de nombreux Ougandais. Les infrastructures ne couvrent pas toutes les régions.

La place de l’université Makerere illustre ces contradictions. Située à Kampala, elle possède l’une des meilleures facultés d’informatique du continent. Elle dispose même d’un fonds pour encourager les recherches et l’innovation, ce qui demeure rare en Afrique. Makerere figure régulièrement dans les classements internationaux. Mais combien d’établissements ougandais peuvent revendiquer de tels résultats ? La plupart manquent d’équipements, de connexion fiable, de budgets suffisants.

Le gouvernement a validé en avril un projet de 7 millions de dollars pour étendre les services TIC à 700 sites supplémentaires. Des écoles, des hôpitaux, des administrations locales en bénéficieront. Cette extension s’ajoute aux efforts déjà consentis. Kampala négocie par ailleurs un prêt de 150 millions de dollars auprès de la China Eximbank pour développer davantage son infrastructure Internet. Ces montants impressionnent. Reste à voir comment ils seront déployés sur le terrain.

Baryomunsi insiste sur la nécessité d’adapter les solutions aux besoins locaux. Exit les technologies importées qui ne fonctionnent qu’à moitié. L’Ouganda veut ses propres outils, conçus par ses ingénieurs, pour ses citoyens. Cette approche suppose une recherche dynamique, des laboratoires équipés, des partenariats industriels. Les universités devront donc sortir de leur tour d’ivoire. Elles devront dialoguer avec les ministères, les entreprises, les communautés.

Les étudiants actuels se préparent à entrer sur un marché du travail en mutation. Les compétences numériques ne sont plus optionnelles. Elles déterminent l’employabilité. Kampala l’a compris. Reste à transformer les discours en réalité concrète dans les salles de classe.

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