Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a nié mardi que des gens meurent de faim en Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique confronté à une grave crise alimentaire due à une succession de conflits internes et à une importante sécheresse.
« Personne ne meurt de faim en Ethiopie », a assuré M. Abiy Ahmed, répondant aux questions des députés à la chambre basse du Parlement, tout en reconnaissant que « des gens peuvent avoir succombé à des maladies » associées à la malnutrition.
Le Bureau du médiateur (Ombudsman) éthiopien – institution fédérale chargée de veiller à la bonne gouvernance et au respect de l’Etat de droit – a affirmé fin janvier avoir recensé près de 400 décès provoqués par la faim dans les régions septentrionales du Tigré et de l’Amhara. Le chef de l’institution a précisé à des médias que ces décès étaient survenus au cours des six derniers mois.
Des responsables locaux avaient dénoncé des morts de faim, mais c’est la première fois qu’une institution fédérale fait le même constat, constamment nié par le gouvernement de M. Abiy Ahmed.
« On ne peut pas nous accuser d’ignorer la sécheresse et la faim », a poursuivi le Premier ministre mardi, soulignant que son gouvernement avait débloqué plus de 250 millions de dollars « pour l’aide alimentaire » aux régions touchées.
« Instrumentaliser la sécheresse à des fins politiques est criminel », a-t-il martelé.
« Insécurité alimentaire grave »
Le 1er février, Shiferaw Teklemariam, le chef de la Commission éthiopienne de gestion des risques (NDRMC), une institution publique, et le Coordinateur humanitaire de l’ONU en Ethiopie, Ramiz Alakbarov, ont fait état d’une « insécurité alimentaire alarmante et d’une hausse de la malnutrition ».
« Les taux de malnutrition » dans certaines parties du pays « dépassent déjà les niveaux admis mondialement comme caractérisant une crise », expliquent-ils dans un communiqué commun, ajoutant néanmoins que la situation n’est pas « actuellement assimilable à une famine ».
Selon eux, jusqu’à 10,8 millions de personnes pourraient cependant souffrir « d’insécurité alimentaire grave » lors d’un pic attendu à la prochaine soudure (entre la fin des stocks et la nouvelle récolte, juillet-septembre), dans un pays où 20 millions des 120 millions d’habitants dépendent déjà de l’aide humanitaire.
« L’impact de la sécheresse alimentée par El Nino ravagent les communautés », et « le phénomène climatique a eu un effet sur les pluies d’été, provoquant pénuries d’eau, assèchement de pâturages et récoltes réduites », constatent-ils.
Les populations des Etats régionaux du nord – Tigré, Amhara, Afar – pas encore remises de deux ans de conflit entre 2020 et 2022, quand la sécheresse est survenue, sont les plus touchées, soulignent-ils. L’Amhara est en outre théâtre d’un nouveau conflit depuis plusieurs mois.
Plusieurs sources humanitaires interrogées par l’AFP en Ethiopie ont confirmé la gravité de la crise alimentaire en Ethiopie, indiquant toutefois ne pas disposer de données corroborant des décès directement dus à la faim dans le pays.
Avec AFP
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