Donald Trump a annoncé ce jeudi 20 mars 2025 son intention de concrétiser « très rapidement » un accord avec l’Ukraine concernant l’exploitation des terres rares et des minerais.
Cette déclaration, faite lors d’une cérémonie officielle à la Maison Blanche, illustre la volonté américaine de sécuriser son approvisionnement en matériaux critiques pour son industrie de pointe.
« Nous sommes en train de signer des accords pour libérer des minerais, des terres rares et plein d’autres choses dans plusieurs endroits à travers le monde, y compris l’Ukraine », a affirmé le président américain, soulignant particulièrement l’intérêt de Washington pour les ressources ukrainiennes.
« Une des choses que nous allons faire très rapidement est de conclure un accord concernant les terres rares de l’Ukraine, qui ont une valeur incroyable », a-t-il précisé.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer l’indépendance des États-Unis en matière d’approvisionnement en minerais critiques.
Trump a d’ailleurs indiqué avoir « signé un décret présidentiel pour augmenter drastiquement la production de minerais importants et de terres rares » sur le sol américain, qualifiant cet enjeu de « quelque chose d’important dans ce pays ».
La démarche présidentielle comporte également une dimension géopolitique évidente. Pour l’administration Trump, l’exploitation des ressources minérales ukrainiennes représenterait une forme de compensation pour le soutien militaire et financier massif accordé par Washington à Kiev depuis le début de l’invasion russe il y a trois ans.
Cette vision transactionnelle des relations internationales, caractéristique de la diplomatie trumpienne, a été explicitement défendue par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui a souligné qu’un tel accord confèrerait aux États-Unis un « intérêt direct » à protéger l’Ukraine.
Cependant, l’empressement de Donald Trump à mettre la main sur les terres rares ukrainiennes semble quelque peu en décalage avec la réalité géologique du pays.
Si l’Ukraine détient effectivement environ 5% des ressources minières mondiales, son profil n’est pas particulièrement remarquable en matière de terres rares spécifiquement.
Le pays se classe au 40e rang mondial des producteurs de minerais toutes catégories confondues (charbon inclus), selon les données de référence du World Mining Data 2024.
L’Ukraine n’est pas spécialement reconnue pour ses réserves de terres rares, cette catégorie très particulière de 17 métaux devenus indispensables à l’économie moderne pour la fabrication d’écrans, de drones, d’éoliennes ou de moteurs électriques.
Cette divergence entre les ambitions présidentielles et les réalités géologiques ukrainiennes interroge sur les motivations profondes de cette initiative.
S’agit-il davantage d’un calcul politique que d’une stratégie économique rigoureusement fondée? L’annonce intervient dans un contexte où la Chine, qui contrôle actuellement près de 80% de la production mondiale de terres rares, fait face à des tensions commerciales croissantes avec les États-Unis et l’Europe.
Les terres rares constituent un enjeu stratégique majeur pour les puissances industrielles. Ces métaux aux propriétés uniques sont devenus essentiels à la transition écologique et à l’industrie de défense.
Leur rareté relative et leur concentration géographique en font un levier d’influence géopolitique considérable, expliquant l’empressement des grandes puissances à diversifier leurs sources d’approvisionnement.
Dans ce jeu d’échecs mondial autour des ressources critiques, l’Ukraine devient ainsi un pion dont la valeur pourrait être autant symbolique que réelle.
Pour Kiev, un tel accord représenterait potentiellement une garantie supplémentaire de soutien américain face à la menace russe, tout en offrant des perspectives de développement économique. Pour Washington, au-delà des bénéfices matériels, c’est aussi une manière d’affirmer sa présence dans une région où les influences s’affrontent.