Donald Trump a nommé mercredi son ex-rival républicain, Marco Rubio à la tête de la diplomatie américaine, réputé hostile à la Chine et à l’Iran et surtout au profil opposé à la nouvelle cheffe du Renseignement Tulsi Gabbard, critique de l’interventionnisme militaire des Etats-Unis.
Le sénateur de Floride républicain, né à Miami il y a 53 ans de parents cubains, est connu pour ses positions anti-Pékin, pro-Taïwan et Hong Kong, et sera « un défenseur ardent de notre nation, un véritable ami pour nos alliés et un guerrier intrépide qui ne reculera jamais face à nos adversaires », a affirmé le président élu dans un communiqué.
M. Trump, qui s’était violemment accroché avec M. Rubio lors des primaires de la présidentielle de 2016 — y compris sur leur physique — l’a au contraire élevé mercredi au rang de « Dirigeant Hautement Respecté et de Voix très puissante pour la Liberté ».
Si sa nomination est confirmée par le Sénat, Marco Rubio pilotera le premier réseau diplomatique du monde, fort de plus de 55.000 employés, et sera le visage de l’Amérique à l’étranger, investi d’une « responsabilité énorme », a-t-il écrit sur X en se disant « honoré » de la « confiance » de Donald Trump.
« Amener la paix »
« Comme secrétaire d’Etat, j’œuvrerai tous les jours à la mise en place de sa politique étrangère et sous la direction du président Trump, nous amèneront la paix », a promis le parlementaire à la réputation de faucon néo-conservateur même s’il appartient à l’aile modérée traditionnelle du Parti républicain, notamment en matière d’immigration.
Outre ses positions favorables à la défense militaire de Taïwan contre la Chine, Marco Rubio est aussi un fervent soutien d’Israël, dont les Etats-Unis sont d’indéfectibles alliés, qu’ils soient dirigés par les démocrates ou les républicains.
M. Rubio est enfin très hostile à l’ennemi juré de l’Etat hébreu et bête noire de Washington, la République islamique d’Iran et son programme nucléaire.
Donald Trump a annoncé en même temps qu’il voulait confier la direction nationale du Renseignement à Tulsi Gabbard, ancienne militaire de 43 ans, originaire de Hawaï et transfuge du Parti démocrate, dont les prises de positions pro-russes et contre la guerre en Ukraine ont fait polémique.
Juste après l’invasion russe de février 2022, elle avait écrit sur Twitter,devenu X: « Cette guerre et cette souffrance auraient pu être évitées si l’administration (de Joe) Biden et l’Otan avaient simplement pris en compte les inquiétudes légitimes de la Russie sur une possible entrée de l’Ukraine dans l’Otan ».
– « Guerre évitée » –
Forte personnalité, Mme Gabbard est connue pour ses propos qui ont pu choquer au sein des institutions à Washington, comme critiquer l’interventionnisme militaire à tout crin de son pays depuis des décennies.
Elle avait aussi taclé les agences du Renseignement, qu’elle devrait bientôt chapeauter, durant la guerre civile en Syrie lorsque le président Bachar al-Assad avait mené en 2013 une attaque chimique contre son peuple.
Démocrate, elle s’était rendue à Damas pour rencontrer M. Assad, assurant être en mission de paix.
En janvier 2020, elle s’en était prise au président d’alors, Donald Trump, pour avoir ordonné une frappe de drone à Bagdad qui avait tué le général iranien Qassem Soleimani, parlant d’un « acte de guerre illégal et inconstitutionnel ».
Ancienne soldate en Irak, Tulsi Gabbard avait même participé aux primaires du Parti démocrate pour la présidentielle de novembre 2020 remportée par Joe Biden et défendait des positions progressistes sur le changement climatique ou la consommation de cannabis.
Passée du côté républicain, elle a été qualifiée mercredi par Donald Trump d’« esprit sans crainte (…) championne de nos Droits Constitutionnels et assurant la Paix par la Force ».
Mme Gabbard et M. Rubio pourraient toutefois se rejoindre sur l’Ukraine: ce dernier a récemment épousé la position de M. Trump en affirmant que Kiev était dans une « impasse » contre la Russie et que les Etats-Unis devaient faire preuve de « pragmatisme » plutôt que de dépenser des dizaines de milliards de dollars en livrant des armes.
Les deux devraient travailler sous l’égide du conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, élu de Floride considéré comme un faucon, et avec John Ratcliffe, qui fut directeur national du Renseignement et qui devrait diriger la CIA.
© Avec l’AFP