Etain : la RDC sur le point de décrocher le jackpot, selon la Banque mondiale

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Crédits photo : logo officiel de la banque mondiale

Fin octobre, la Banque mondiale a publié son rapport « Commodity Markets Outlook » qui annonce de grandes choses pour la RDC concernant son étain.

Les prévisions pour l’étain y figurent donc parmi les rares notes d’optimisme. L’institution prévoit une hausse de dix pour cent des prix en 2025, puis des augmentations de trois pour cent et deux pour cent respectivement en 2026 et 2027. Ces chiffres contrastent avec la baisse généralisée des cours des matières premières.

Les tensions sur l’offre mondiale expliquent cette trajectoire ascendante. La Birmanie devrait relancer ses principales mines, à l’arrêt depuis 2023.

L’Indonésie sortira des retards d’octroi de licences qui bloquaient les exportations depuis 2024. Mais l’institution anticipe que « le marché mondial de l’étain devrait rester tendu, compte tenu du nombre limité de nouveaux projets et de la vulnérabilité persistante aux perturbations géopolitiques et opérationnelles ».

Bisie, le géant de la RDC sur l’étain regardé par la Banque mondiale

La mine Bisie produit six pour cent de l’étain concentré mondial. Cette proportion grimpe par rapport aux quatre pour cent de 2023. Alphamin Resources, qui exploite le site, a achevé mi-2024 un agrandissement avec la mise en service d’une seconde usine pour le gisement Mpama South. La capacité annuelle atteint désormais 20 000 tonnes, contre environ 12 500 tonnes en 2023.

L’année 2025 s’est révélée compliquée. Les groupes rebelles ont progressé dans l’Est du pays, à proximité du site. La compagnie a suspendu les opérations en mars pour quelques semaines.

Elle les a reprises mi-avril, mais avec des prévisions revues à la baisse. Alphamin vise une production maximale de 18 500 tonnes cette année. Enfin, les circonstances ont contraint l’entreprise à ralentir alors que les cours grimpaient.

Au troisième trimestre 2025, Alphamin a enregistré un prix de vente moyen de 33 877 dollars la tonne, soit une hausse de quatre pour cent en glissement trimestriel.

La Banque mondiale prévoit des cours à 34 000 dollars en 2026 et 34 500 dollars en 2027. Ces montants représentent des hausses respectives de 2000 et 2500 dollars par rapport aux prévisions d’avril 2025.

La demande soutient les prix

Les semi-conducteurs, les panneaux photovoltaïques et les technologies liées à la transition énergétique consomment de l’étain. Cette demande maintient la pression sur les approvisionnements. L’étain demeure l’exception dans un marché des métaux orienté à la baisse, selon Agence Ecofin.

Pourtant, des risques persistent. Le conflit en RDC n’affiche aucune solution définitive. Une nouvelle offensive pourrait affecter Bisie. Par ailleurs, la capacité du pays à profiter des prix élevés dépend du contrôle exercé sur les exportations artisanales. En 2024, les exportations du secteur artisanal atteignaient officiellement 15 852 tonnes de concentré, dont plus de 3000 tonnes provenant du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Bref, une partie de la production échappe encore aux circuits officiels. Elle file en contrebande vers les pays voisins. En 2022, Global Witness indiquait que 90 pour cent des minerais 3T exportés par le Rwanda étaient introduits illégalement depuis la RDC.

Cette fuite prive l’État congolais de recettes substantielles alors que les cours mondiaux grimpent. Les années suivantes détermineront si Kinshasa parvient à capter les bénéfices de ce cycle favorable.

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