Le pape Léon XIV a lancé ce dimanche 23 novembre 2025 un appel solennel pour la libération immédiate des personnes victimes d’enlèvements dans une école catholique au Nigeria. Le souverain pontife s’est exprimé place Saint-Pierre après la messe du jubilé des chorales, devant près de 60 000 fidèles. Son intervention fait suite aux enlèvements qui ont frappé l’école Saint Mary de Papiri, dans l’État du Niger, vendredi dernier.
« J’ai appris avec une immense tristesse la nouvelle des enlèvements de prêtres, de fidèles et d’étudiants au Nigeria et au Cameroun », a déclaré Léon XIV selon Vatican News. Le pape a ajouté : « Je ressens une grande douleur, surtout pour les nombreux jeunes garçons et filles séquestrés et pour leurs familles angoissées ». Il a ensuite lancé un appel pressant pour que les otages soient immédiatement libérés, exhortant les autorités compétentes à prendre des décisions appropriées et rapides.
Enlèvements d’une ampleur sans précédent au Nigeria
Des hommes armés ont fait irruption dans l’école catholique Saint Mary vendredi 21 novembre aux alentours de 2 heures du matin. L’Association chrétienne du Nigeria a confirmé samedi que 315 personnes avaient été enlevées : 303 élèves et 12 enseignants. Le bilan initial faisait état de 227 disparus, mais après vérification, 88 autres élèves capturés en tentant de fuir ont été comptabilisés. Bref, le nombre a été revu à la hausse après un exercice de comptage minutieux.
L’école Saint Mary compte 629 élèves. Près de la moitié des effectifs a donc été enlevée. Les enfants âgés de 8 à 18 ans suivaient leurs cours dans cet établissement privé catholique situé dans la communauté de Papiri, zone de gouvernement local d’Agwarra. Bulus Dauwa Yohanna, évêque catholique du diocèse de Kontagora dont dépend l’école, a fourni ces chiffres à l’Association chrétienne du Nigeria.
Dimanche, une note d’espoir est apparue. Cinquante élèves ont réussi à s’échapper entre vendredi et samedi. « Nous avons reçu une bonne nouvelle : 50 élèves se sont échappés et ont retrouvé leurs parents », a déclaré l’Association chrétienne du Nigeria dans un communiqué. Plus de 260 personnes restent donc aux mains des ravisseurs.
Une série d’attaques contre les établissements scolaires
Cet enlèvement survient quatre jours après un premier rapt. Lundi, des hommes armés avaient pris d’assaut un lycée de l’État voisin de Kebbi, enlevant 25 jeunes filles. Une d’entre elles est parvenue à s’échapper selon les autorités. Le lendemain, une trentaine de fidèles chrétiens ont été enlevés à Eruku, dans l’État de Kwara, lors d’une messe retransmise en direct. L’attaque a fait deux morts.
Le gouverneur de l’État du Niger, Mohammed Umar Bago, a ordonné la fermeture de toutes les écoles de son État. Les autorités des États voisins de Katsina et de Plateau ont pris la même mesure. Le ministère nigérian de l’Éducation a annoncé la fermeture de 47 pensionnats d’enseignement secondaire gérés par le gouvernement fédéral, essentiellement dans le nord du pays.
Le président nigérian Bola Tinubu a annulé ses engagements internationaux. Il devait se rendre au sommet du G20 à Johannesburg en Afrique du Sud. La sécurité des forces armées du pays a été placée en alerte maximale. Enfin, il faut rappeler que le Nigeria traverse l’une de ses pires crises sécuritaires depuis des années.
Un contexte régional explosif
Des bandes criminelles lourdement armées, appelées « bandits » par les autorités, intensifient leurs attaques dans les zones rurales du nord-ouest et du centre du Nigeria. Elles ont établi leurs camps dans une vaste forêt qui s’étend sur plusieurs États : Zamfara, Katsina, Kaduna, Sokoto, Kebbi et Niger. Les prises d’otages contre rançon sont devenues leur tactique privilégiée.
Selon l’ONU Info, Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies et ancienne ministre de l’Environnement du Nigeria, a déclaré sur les réseaux sociaux que les écoles devaient être des « sanctuaires pour l’éducation et non des cibles ». Elle a ajouté : « Nous devons protéger les écoles et traduire les auteurs en justice ».
Le Nigeria fait également face à une insurrection djihadiste depuis plus de seize ans. Ce conflit a fait 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés dans le nord du pays selon les Nations unies. Le pays reste marqué par l’enlèvement de près de 300 jeunes filles par les djihadistes de Boko Haram à Chibok en 2014. Certaines d’entre elles sont toujours portées disparues.
Ces événements se produisent dans un contexte de tensions internationales. Le président américain Donald Trump a évoqué des « meurtres de chrétiens » perpétrés par des « terroristes islamistes » au Nigeria et a mentionné la possibilité d’une intervention militaire américaine. Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a appelé vendredi le Nigeria à « prendre des mesures urgentes et durables pour mettre fin aux violences contre les chrétiens ».
Le gouvernement nigérian a répondu que les attaques touchent les Nigérians quelle que soit leur religion. Les chrétiens et les musulmans représentent chacun environ la moitié de la population du pays. Abuja a précisé être en pourparlers avec le gouvernement américain au sujet d’une coopération en matière de sécurité.
Le pape Léon XIV a conclu son allocution par une prière : « Prions pour ces frères et sœurs et pour que les églises et les écoles demeurent partout et toujours des lieux de sécurité et d’espérance ». Le souverain pontife avait déjà visité le Nigeria à plusieurs reprises lorsqu’il était prieur général des Augustins, avant son élection au pontificat.