Enlèvements massifs au Nigeria : 50 enfants catholiques réussissent à fuir, l’État du Niger en état d’alerte

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Crédit photo : BBC

Cinquante élèves ont réussi à s’échapper de leurs ravisseurs entre vendredi 21 et samedi 22 novembre 2025 au Nigeria. L’Association chrétienne du Nigeria a annoncé dimanche cette nouvelle. Les enfants ont retrouvé leurs parents après avoir été enlevés vendredi à l’école catholique Saint Mary de Papiri, dans l’État du Niger. Mais deux cent cinquante-trois élèves et douze enseignants restent aux mains des groupes armés. L’un des enlèvements de masse les plus importants jamais perpétrés au Nigeria.

Des hommes armés non identifiés ont attaqué l’école tôt vendredi matin. Trois cent trois élèves et douze enseignants ont été emmenés. Les enfants, âgés de huit à dix-huit ans, représentent près de la moitié des six cent vingt-neuf élèves inscrits dans l’établissement. L’école se situe à Papiri, à environ six cents kilomètres au nord-ouest d’Abuja. « Nous avons reçu une bonne nouvelle : cinquante élèves se sont échappés et ont retrouvé leurs parents », a déclaré l’Association chrétienne du Nigeria dans son communiqué.

Amose Ibrahim fait partie des parents qui se sont précipités à l’école après avoir appris que certains enfants étaient libres. « Malheureusement, ils ne faisaient pas partie des évadés », a-t-il confié à Reuters. Trois de ses enfants figurent parmi les kidnappés. Le plus jeune a six ans. « Actuellement, de nombreux parents et leurs proches errent autour de l’école », a-t-il ajouté. Bref, l’angoisse continue.

Le révérend Bulus Dauwa Yohanna, président de l’Association chrétienne du Nigeria dans l’État du Niger et propriétaire de l’école, a appelé à la prière. « Même si le retour de ces cinquante enfants qui ont réussi à s’échapper nous apporte un certain soulagement, je vous exhorte tous à continuer de prier pour le sauvetage et le retour sains et saufs des autres victimes », a-t-il déclaré dans son communiqué.

Le président Bola Tinubu a ordonné dimanche l’embauche de trente mille policiers supplémentaires lors d’une réunion avec les responsables de la sécurité. Il a également exigé le retrait de tous les policiers affectés à la protection des VIP. Ces agents devront se concentrer sur leurs missions essentielles, notamment dans les zones reculées sujettes aux attaques. Le gouvernement fédéral a ordonné la fermeture de quarante-sept collèges dans le nord du pays par mesure de précaution.

Cette attaque intervient quelques jours après d’autres enlèvements. Lundi, des hommes armés ont pris d’assaut un lycée de l’État de Kebbi, au nord-ouest, et ont enlevé vingt-cinq jeunes filles. Une seule est parvenue à s’enfuir. Mardi soir, une église pentecôtiste d’Eruku, dans l’ouest du Nigeria, a été attaquée en plein service religieux retransmis en direct sur internet. Deux personnes ont été tuées et trente-huit fidèles ont été emmenés par les assaillants. Dimanche, Tinubu a annoncé que les forces de sécurité nigérianes avaient secouru les trente-huit otages de l’église Christ Apostolic de l’État de Kwara.

Le pape Léon XIV a réagi dimanche lors de sa prière hebdomadaire sur la place Saint-Pierre à Rome. « J’adresse un appel pressant pour la libération immédiate des otages », a déclaré le souverain pontife. Le Vatican suit de près la situation au Nigeria où les enlèvements de masse sont devenus un fléau récurrent.

Le président américain Donald Trump avait réagi vendredi à ces attaques en estimant que « ce qui se passe au Nigeria est une honte ». En novembre, Trump a menacé d’intervenir militairement au Nigeria, accusant les autorités nigérianes de « tolérer les meurtres de chrétiens » par des islamistes radicaux. Les autorités d’Abuja ont qualifié ces affirmations de « fondamentalement erronées » et nié toute « persécution religieuse systématique » au Nigeria. Le pays est divisé de manière presque égale entre un nord à majorité musulmane et un sud majoritairement chrétien. Les attaques visent et tuent aussi bien des chrétiens que des musulmans, souvent sans distinction.

Samedi, treize femmes et filles « toutes musulmanes » et âgées de seize à vingt-trois ans ont été kidnappées près de leurs fermes de l’État de Borno, selon Abubakar Mazhinyi, un édile local. La zone concernée se trouve à vingt kilomètres d’une réserve naturelle devenue un sanctuaire jihadiste. L’une des femmes a été libérée après avoir affirmé à ses ravisseurs être mariée.

Le Nigeria reste profondément marqué par l’enlèvement de près de trois cents jeunes filles par les jihadistes de Boko Haram à Chibok, dans l’État de Borno, en avril 2014. Plus de dix ans plus tard, certaines d’entre elles sont toujours portées disparues. Selon Aisha Yesufu, cofondatrice du mouvement Bring Back Our Girls créé après cet événement, les enlèvements continuent car « les autorités ne font rien ». « Ils sont plus intéressés par leur propagande visant à ne pas paraître inapte ou incompétent », a-t-elle affirmé à l’AFP.

Enfin, le gouvernement de l’État du Niger a ordonné « la fermeture temporaire de tous les internats de la zone ». Les autorités locales ont regretté que l’école Saint Mary ait « repris ses activités académiques sans informer, ni obtenir l’autorisation du gouvernement de l’État, exposant ainsi les élèves et le personnel à un risque évitable ». La police a déployé ses unités tactiques et des éléments militaires qui ratissent les forêts environnantes. Les opérations de recherche se poursuivent dans une région où les groupes armés se cachent dans des zones difficiles d’accès.

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