L’Algérie poursuit sa stratégie de connexion inter africaine malgré les tensions régionales avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
En effet, alors que ses relations diplomatiques avec l’Alliance des États du Sahel se détériorent, l’Algérie renforce simultanément ses liens avec le Nigeria, géant économique ouest-africain membre de la CEDEAO.
Concrètement, ce dimanche 6 avril 2025, Air Algérie a inauguré sa nouvelle liaison directe entre Alger et Abuja.
Cette connexion aérienne hebdomadaire – avec des départs d’Alger les dimanches et des retours les vendredis – est une grande étape dans la politique de rapprochement algérienne avec l’Afrique subsaharienne.
Une évolution contrastée pour l’Algérie
Cette ouverture vers le Nigeria s’inscrit dans un contexte particulier. Et pour cause, le lendemain même de ce vol inaugural, donc le 7 avril 2025, Alger prenait la décision radicale de fermer son espace aérien à tous les appareils en provenance ou à destination du Mali, conséquence directe de la crise diplomatique qui oppose l’Algérie aux trois pays de l’AES (Mali, Burkina Faso et Niger).
La stratégie d’expansion d’Air Algérie témoigne d’une vision à long terme. La compagnie a enregistré une augmentation impressionnante de 76% de son flux de voyageurs africains entre 2014 et 2024, passant de 102 000 à 179 000 passagers.
Son réseau continental s’est également densifié, desservant désormais 25 destinations contre 13 auparavant. Selon les projections, ce maillage pourrait atteindre 40 vols hebdomadaires d’ici 2026.
Pour soutenir cette ambition, le transporteur national algérien modernise sa flotte avec une commande de 16 appareils auprès d’Airbus et Boeing. D’après le ministre des Transports Saïd Sayoud, la livraison du premier Airbus A300 est prévue pour juin 2025.
Parallèlement, de nouvelles liaisons vers Addis-Abeba, Libreville et N’Djamena sont à l’étude, ainsi que des connexions supplémentaires vers l’Europe, l’Amérique du Nord et la Chine.
Cette ouverture vers le Nigeria contraste fortement avec la dégradation des relations avec les pays voisins de l’AES. L’escalade diplomatique a culminé avec le rappel réciproque des ambassadeurs et l’annonce par l’Algérie du rappel de ses représentants au Mali et au Niger, ainsi que le report de la prise de fonction de son ambassadeur au Burkina Faso.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a notamment « regretté l’alignement inconsidéré du Niger et du Burkina sur les thèses fallacieuses du Mali » concernant l’incident d’un drone malien prétendument abattu en territoire malien.