Face à l’escalade diplomatique avec son voisin algérien, le Mali s’organise pour parer aux conséquences économiques immédiates de cette tension frontalière.
En effet, ce 14 avril 2025, le ministre malien de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a convoqué en urgence les principaux acteurs économiques du pays pour élaborer une stratégie d’approvisionnement alternative des zones frontalières particulièrement affectées par la crise.
Cette concertation avec commerçants et transporteurs, relayée par nos confrères de RT France, vise à garantir l’accès aux produits de première nécessité dans les régions septentrionales du pays, traditionnellement dépendantes des échanges transfrontaliers avec l’Algérie.
C’est une situation devenue critique depuis que les deux nations ont mutuellement fermé leurs espaces aériens au trafic civil.
Des tensions entre le Mali et l’Algérie
L’origine de cette crise diplomatique remonte au 1er avril, lorsque Bamako a accusé Alger d’avoir abattu l’un de ses deux seuls drones de surveillance armés, un appareil de fabrication turque évalué à 30 millions d’euros. Cet équipement servait aux forces maliennes dans leur lutte contre les groupes rebelles opérant dans le nord du pays.
Les autorités algériennes ont immédiatement réfuté ces allégations, affirmant que leurs données radars « établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie » par l’aéronef malien.
De son côté, l’armée malienne a conclu après enquête, « avec une certitude absolue », que l’appareil avait été abattu suite à « une action hostile préméditée du régime algérien ».
Ce différend a rapidement pris une dimension régionale. Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Niger et Burkina Faso – ont manifesté leur solidarité en rappelant leurs ambassadeurs en poste à Alger, amplifiant ainsi la portée diplomatique de la crise.
Dans ce contexte d’isolement croissant, la société civile malienne s’est également mobilisée. Les 11 et 12 avril 2025, des manifestations qualifiées de « mobilisation citoyenne et patriotique » par la presse locale ont rassemblé des centaines de personnes à Bamako et dans plusieurs autres villes du pays pour exprimer leur soutien à l’armée nationale.
La décision du gouvernement du Mali de privilégier une approche économique pratique face à cette crise diplomatique témoigne d’une volonté de préserver les intérêts vitaux de sa population, tout en maintenant sa position sur le plan diplomatique.