En difficulté au Burkina Faso, au Niger et au Mali, la France a été rattrapée par une plainte historique.
Le 24 juin 2025, Biram Senghor, 86 ans, a déposé une plainte contre l’État français pour recel de cadavre. Son père, tué lors du massacre de Thiaroye en 1944, a été réhabilité en 2024, mais ni sa dépouille ni les circonstances exactes de sa mort ne lui ont été révélées. Ce silence de l’État, il ne l’a plus supporté.
Des sépultures invisibles et une mémoire en suspens ont refait surface lorsque Biram Senghor a déposé sa plainte, en s’appuyant sur l’article 434‑7 du Code pénal français, relatif à la dissimulation de cadavre.
En effet, au-delà de sa démarche personnelle, il a cherché à raviver une mémoire collective longtemps étouffée.
Parallèlement, le gouvernement sénégalais a ordonné, il y a quelques mois, des fouilles sur le site de Thiaroye, relançant l’espoir de retrouver les fosses communes. Cette initiative, qui a suivi la reconnaissance officielle par la France de sa faute historique, a marqué une volonté de réconcilier mémoire, justice et vérité.
Toutefois, l’absence de coopération active des autorités françaises a continué d’alimenter les soupçons de camouflage.
Ainsi, au-delà de la recherche des corps, Biram Senghor a remis en cause le traitement judiciaire infligé aux tirailleurs de Thiaroye. Condamnés en 1945 par une justice militaire expéditive, ils n’ont jamais bénéficié d’un procès équitable. Sa plainte pourrait donc ouvrir la voie à une révision de ces condamnations et poser les bases d’une réhabilitation judiciaire.
De plus, cette initiative a ravivé un combat mémoriel longtemps limité aux hommages officiels, en y ajoutant une exigence de justice réelle et documentée. En saisissant les tribunaux, Biram Senghor a transformé une douleur familiale en cause nationale, donnant voix à une génération en quête de vérité.
Après avoir été chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France voit ressurgir ses blessures coloniales. La plainte de Biram Senghor rappelle que la mémoire et la justice restent des combats essentiels pour tourner la page.