L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture est une institution spécialisée internationale de l’Organisation des Nations unies, créée le 16 novembre 1945 à la suite des dégâts et des massacres de la Seconde Guerre mondiale.
POSTE : Consultant(e) Senior en Evaluation de Projet
Secteur de tutelle : Secteur de la culture (CLT)
Lieu d’affectation: Yaounde
Catégorie d’emplois: Evaluation de projets
Type de contrat : Consultant
Durée du contrat : 45 jours
Recrutement ouvert à : Candidats externes
Clôture des candidatures (minuit heure de Paris) : 22 Octobre 2024
Valeurs fondamentales de l’UNESCO : Engagement envers l’Organisation, intégrité, respect de la diversité, professionnalisme
1. Contexte et justification du projet
La crise prolongée dans les régions à prédominance anglophone du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun a gravement affecté le secteur de l’éducation, laissant plus de 700 000 enfants non scolarisés en 2021. Depuis septembre 2021, deux écoles sur trois sont restées fermées. Actuellement, 49 % des écoles primaires et 53 % des écoles secondaires dans la région du Sud-Ouest sont non fonctionnelles, tandis que dans la région du Nord-Ouest, ce taux atteint 77 %, avec une baisse de 2 % par rapport à l’année précédente. Les attaques armées contre les établissements éducatifs par des groupes non étatiques ont contraint de nombreuses familles à envoyer leurs enfants dans les régions du Littoral, de l’Ouest et du Centre pour poursuivre leur éducation. Le nombre de personnes déplacées de ces régions a fortement augmenté, passant de 224 000 en 2019 à 537 000 en 2022 (OCHA, Sitrep mars 2022), avec une majorité de femmes et d’enfants, dont certains sont non accompagnés et n’ont pas accès aux besoins de première nécessité.
L’afflux continu de familles déplacées dans les communautés d’accueil exerce une pression croissante sur les ressources alimentaires, les moyens de subsistance et les infrastructures. Les espaces de vie sont souvent surpeuplés, ce qui met à rude épreuve les capacités socio-économiques et sanitaires des communautés d’accueil et entraîne des tensions croissantes. Bien que ces jeunes soient talentueux, ils manquent de qualifications et n’ont pas accès à des opportunités diverses, ce qui les expose aux risques de mécanismes de survie négatifs tels que le crime et la prostitution.
Les écoles du sous-système anglophone dans les régions d’accueil francophones, déjà peu nombreuses, ont atteint leur capacité d’absorption maximale et ne peuvent pas accueillir de nouveaux élèves. Les enfants déplacés, issus du sous-système anglophone, se retrouvent souvent dans des écoles francophones, où ils font face à un risque accru de marginalisation et d’abandon scolaire. Ils rencontrent des obstacles supplémentaires dans un environnement éducatif stressant et traumatisant. De plus, une grande partie de ces jeunes est sous-éduquée, avec peu de compétences techniques et un taux d’alphabétisation faible, ce qui limite leurs perspectives d’intégration socio-économique. Le manque d’opportunités viables conduit à des taux de chômage élevés, augmentant leur vulnérabilité aux mariages précoces, à la délinquance, à la radicalisation et au recrutement par des groupes armés.
Cette situation, caractérisée par l’insuffisance d’infrastructures éducatives et sociales, ainsi que la surpopulation dans les écoles existantes, aggrave les défis auxquels font face les institutions locales. Les efforts pour réduire les violences basées sur le genre et prendre en compte les besoins spécifiques des filles et des garçons sont insuffisants. La violence à l’école, y compris les mauvais traitements, le harcèlement sexuel et les abus psychologiques, a des impacts graves sur les enfants et les jeunes, entraînant anxiété, faible estime de soi, dépression et une diminution des performances scolaires.
Un meilleur respect de la diversité culturelle et linguistique peut aider à réduire la stigmatisation et favoriser la confiance en soi, le bien-être, ainsi que la cohésion sociale. L’éducation, qu’elle soit formelle, non formelle ou communautaire, est cruciale pour la construction et la transmission de valeurs socioculturelles et civiques, et pour promouvoir l’inclusion sociale, la tolérance et la lutte contre la discrimination. Elle constitue une opportunité essentielle pour répondre aux conflits existants et prévenir de futurs conflits, tout en stimulant la transformation sociale vers la cohésion sociale et l’égalité des chances pour les jeunes vulnérables. Créer des espaces éducatifs plus sûrs et accueillants est une stratégie clé pour améliorer l’environnement et réduire les violences basées sur le genre.
Dans ce contexte, l’UNESCO et l’UNOPS, avec le soutien des autorités camerounaises, ont obtenu un nouveau financement du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (PBF) pour mettre en œuvre le projet intitulé : « Renforcement du rôle des jeunes dans la promotion du vivre ensemble et du multiculturalisme à travers l’éducation secondaire et les centres d’apprentissage non formel et informel au Cameroun ». Les partenaires gouvernementaux impliqués dans la mise en œuvre du projet comprennent le MINESEC, le MINJEC, le MINAC, le MINCOM, le MINDDEVEL, le MINPROFF et la CNPBM.
L’objectif général du projet est d’atténuer et de prévenir les tensions et les conflits violents entre les personnes déplacées et les communautés d’accueil, en aménageant un cadre d’apprentissage formel, non formel et informel qui respecte la diversité culturelle et linguistique des populations partageant un même espace géographique en raison des conflits. Le projet se base sur les effets dynamisants des arts, de la créativité et de la culture, y compris les langues, dans les approches d’apprentissage. Il vise à renforcer les jeunes, combattre la stigmatisation et l’exclusion, et stimuler la transformation sociale en faveur de la cohésion sociale et de la paix durable. Cette approche innovante intégrera ces aspects dans les curricula et les infrastructures des espaces d’apprentissage, tant formels que non formels, au Cameroun, afin de soutenir des transformations sociales impliquant les jeunes et les communautés.
Le projet vise à atteindre deux résultats clés. Le premier résultat consiste à renforcer le multiculturalisme et le bilinguisme à travers l’apprentissage formel, non formel et informel, en les utilisant pour promouvoir la consolidation de la paix, la diversité culturelle, la confiance mutuelle, la cohésion sociale, la créativité et la résilience des jeunes des communautés affectées par des crises. Cela inclut l’application d’approches de promotion de la diversité culturelle et du multiculturalisme dans l’enseignement secondaire, l’utilisation des arts et du patrimoine pour encourager la compréhension mutuelle, et la conception de modèles d’espaces d’apprentissage inclusifs sensibles aux violences en milieu scolaire et favorables au multiculturalisme.
Le second résultat vise à doter les jeunes des compétences interculturelles nécessaires pour lutter contre la violence et les discours de haine, les transformant en agents de changements sociétaux pacifiques et positifs. Cela comprend la consolidation du vivre ensemble entre les jeunes déplacés et les communautés hôtes pour prévenir les escalades et promouvoir la résolution pacifique des conflits, la formation des jeunes filles et garçons au respect, à l’empathie et à la réconciliation, et la diffusion de messages de consolidation de la paix par les jeunes apprenants dans les écoles et les centres de promotion de la jeunesse.
Les activités du projet incluent l’aménagement de deux espaces de vie multiculturels sensibles au genre, avec des innovations telles qu’un guide d’animation, des infrastructures et une animation pédagogique (dans un lycée et un Centre Multifonctionnel de Promotion des Jeunes), la fourniture de kits artistiques pour promouvoir l’expression culturelle des jeunes, et la conduite d’activités communautaires d’expression de la diversité culturelle pour une meilleure cohésion sociale et une paix durable.
Arrivé au terme de la période de mise en œuvre du projet et afin de capitaliser les résultats de celui-ci, l’UNESCO, agence lead de mise en œuvre du projet, en collaboration avec le secrétariat technique du comité de pilotage du Fonds pour la consolidation de la Paix au Cameroun lancent une consultation pour le recrutement d’un(e) consultant(e) individuel(le) qui sera chargé(e) de l’évaluation finale du projet.
2. Objectif de l’évaluation
La mission assignée au (à la) consultant (e) chargée de cette évaluation finale consiste à :
- Présenter les résultats qualitatifs et quantitatifs du projet, ainsi que ses effets.
- Analyser la façon dont le projet a permis le Renforcement du rôle des jeunes dans la promotion du vivre ensemble et du multiculturalisme à travers l’éducation secondaire et les centres d’apprentissage non formel et informel dans les zones de mise en œuvre du projet en particulier et au Cameroun dans l’ensemble
- Analyser l’efficacité des approches retenues et mises en œuvre selon la théorie du changement du projet.
- Proposer des recommandations à la lumière des enseignements de cette évaluation, pour la poursuite une capitalisation des acquis et un passage à échelle des ambitions du projet.
Le document attendu au terme de la consultation doit permettre d’avoir une appréciation objective de la conduite des activités du projet, de la qualité des interventions et de l’impact sur les communautés.
3. Portée de l’évaluation
L’évaluation devra se concentrer en priorité dans les zones d’opérationnalisation (communes de Dibombari, Mbanga, Bonaléa, Nkongsamba 1er, Edéa 1er dans le littoral ; de Foumban, Mbouda, Babadjou, Foumbot , Bafoussam 2ème dans la région de l’Ouest) et de coordination du projet (Yaoundé).
4. Livrables
a – Un rapport de démarrage détaillé
Le rapport initial devrait décrire :
- La portée détaillée,
- Le cadre d’évaluation/matrice d’évaluation,
- La Synthèse de l’analyse du projet selon les indicateurs et les déterminants de l’évaluation :
- La méthodologie,
- L’échantillonnage,
- Le calendrier des visites sur le terrain,
- Les propositions de méthodes et outils de collecte des données,
- Le calendrier des activités et la soumission des livrables.
Ce rapport sera utilisé comme point initial d’accord et de compréhension entre l’équipe d’évaluation et l’équipe de projet qui agit en tant que responsable de l’évaluation et sera révisée par le groupe de référence.
L’équipe d’évaluation améliorera le rapport de démarrage sur la base des commentaires fournis / coordonnés par le responsable de l’évaluation. Le travail sur le terrain ne peut avoir lieu qu’après l’approbation satisfaisante du rapport de démarrage et la validation des différents outils de collecte y afférents, par le responsable de l’évaluation.
b – Version préliminaire du rapport d’évaluation
Ce rapport préliminaire sera à produire à l’issue des descentes sur le terrain et différentes consultations. D’une longueur de 30 à 40 pages (hors annexes). Il contiendra également un résumé de 5 pages au maximum, comprenant une brève description du programme, son contexte et sa situation actuelle, le but de l’évaluation, sa méthodologie et ses principales constatations, conclusions et recommandations.
L’équipe d’évaluation du projet améliorera la version préliminaire d’évaluation sur la base des commentaires et des commentaires fournis / coordonnés par le gestionnaire de l’évaluation/ coordonnateur du projet et le groupe de référence de l’évaluation.
C – Un rapport d’évaluation final (versions électronique et papier à soumettre dans un délai de 7 jours après réception des commentaires consolidés et des commentaires du responsable de l’évaluation)
Le rapport final comprendra de 30 à 40 pages, composé de la même section que la version préliminaire. Le rapport d’évaluation devrait répondre aux principales questions d’évaluation posées, représentant fidèlement les points de vue des bénéficiaires, des partenaires et des parties prenantes. Ce rapport comportera entre autres un résumé exécutif concis sur 5 pages maximum, explicitant la méthodologie utilisée et ses limites, les résultats, recommandations et leçons apprises à l’issue de l’évaluation, ainsi que des annexes reprenant les TDR, la liste des personnes rencontrées, les tableaux de données complémentaires, les questionnaires utilisés, etc.
Le rapport final sera envoyé au responsable de l’évaluation, le Point focal de l’évaluation du Bureau de l’UNESCO à Yaoundé et le Point focal du Bureau de l’évaluation de l’UNESCO au siège pour l’assurance de qualité.
d – Un résumé de l’évaluation (à être soumis avec le rapport final)
La note d’évaluation résumera l’évaluation, y compris le contexte de l’évaluation, les méthodologies, les principales constatations, les conclusions et les recommandations dans un format de cinq pages maximums. Cette évaluation sera rédigée et soumise avec le rapport d’évaluation final.
COMPETENCES (Fondamentales / Managériales)
QUALIFICATIONS REQUISES
Qualifications académiques
Le consultant(e) devra être titulaire d’un master ou diplôme équivalent dans les domaines des sciences sociales, Sociologie, gestions des conflits, de la gestion de projets, du développement, des statistiques ou de tout autre domaine technique connexe.
Expérience professionnelle
- Au moins 7 années d’expérience dans la conduite des évaluations de projets ;
- Avoir cumulé au moins 05 ans d’expérience dans les projets en lien avec la diversité culturelle et linguistique et/ou consolidation de la paix, gestion des conflits et droits humains dans les contextes similaires à celui du projet ;
- Avoir cumulé une expérience d’au moins 3 années dans la collecte, l’analyse qualitative et quantitative et la consolidation des données terrain ;
- Avoir participé à au moins deux travaux d’évaluation de projets conduits par des agences des Nations Unies ou des organisations internationales ;
- Expérience de travail démontrée avec des acteurs opérationnels et institutionnels à différents niveaux (ministères, organisations de la société civique, organisations des jeunes et des déplacés internes etc.)
- Très bonne connaissance du système des Nations Unies ;
- Une expérience de travail préalable sur un projet financé par le PBF serait un atout ;
- Avoir une bonne maitrise sur les techniques d’enquêtes, d’analyse des données et familier la conception et/l’utilisation des logiciels statistiques (SPSS, Stata, CsPro, Kobotool box) de traitement de données serait un atout ;
- Une connaissance du logiciel du système d’information géographique (GIS) serait un atout.
Autres aptitudes et compétences
- Excellentes compétences en gestion et coordination de projet ;
- Excellente connaissance des approches culturelles et éducatives dans le relèvement post-crise ;
- Connaissance des programmes et instruments normatifs de l’UNESCO dans le domaine de la culture et de l’éducation ;
- Capacité à établir, entretenir et renforcer des relations de travail efficaces avec les autorités nationales/locales, les institutions culturelles et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales concernées ;
- Excellentes capacités de communication analytique, écrite et orale, en particulier capacité à collecter, synthétiser et analyser des informations provenant de diverses sources et, sur cette base, à rédiger des documents de travail et d’information de manière claire et concise ;
- Excellentes compétences interpersonnelles et capacité à travailler efficacement en équipe et dans un contexte multiculturel ;
- Excellente maitrise des outils de collecte et de traitement des données (kobocollect ; etc.) ;
- Excellente connaissance des outils informatiques (MS Word, Excel, Outlook etc.).
Langues
- Excellente maitrise du français et de l’anglais (parler, lire et écrire).
Documents à inclure lors de la soumission
Les dossiers de candidatures doivent comprendre une offre technique et financière.
L’offre technique des candidats/candidates doit faire ressortir clairement les éléments ci-après:
(a) un curriculum vitae à jour ;
(b) une déclaration indiquant en quoi leurs qualifications et leur expérience les rendent compétents pour la mission considérée ;
(c) un exposé de l’approche qu’ils entendent adopter pour mener à bien la mission, incluant les éventuels apports requis par l’UNESCO ;
(d) le coût total de la mission exprimé comme une somme forfaitaire globale. Toute indemnité de voyage ou de subsistance doit être indiquée séparément.
Le Curriculum Vitae actualisé du ou de la candidat.e, doit être accompagné des copies des preuves d’expérience antérieures relatives à l’objet de la consultation.