Interpeace est une organisation internationale pour la consolidation de la paix qui soutient les initiatives locales de consolidation de la paix dans le monde entier. Interpeace adapte son approche à chaque société et veille à ce que le travail soit mené localement. Avec des partenaires locaux et des équipes locales, Interpeace développe conjointement des programmes de consolidation de la paix et aide à établir des processus de changement qui relient les communautés locales, la société civile, le gouvernement et la communauté internationale.
Interpeace accompagne également les acteurs nationaux et internationaux à intégrer l’approche sensible au conflit dans la conception et la mise en œuvre des projets.
En Afrique de l’Ouest, Interpeace est engagée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et au Mali (où elle est présente depuis 2012).
A. Introduction
Le projet “Pour un Processus de Paix plus Participatif et Approprié”, mis en œuvre par Interpeace et l’Institut Malien de Recherche Action pour la Paix (IMRAP) dans quatre (4) régions du Mali et le district de Bamako du 10/07/2019 au 31/12/2022, cherche un/une consultant(e) afin de mener à bien une étude endline quantitative en collaboration avec les équipes Interpeace et IMRAP.
L’étude de endline doit permettre d’apprécier les évolutions selon certains indicateurs du projet, et tels qu’ils ont été mesurés dans l’étude de baseline. Cette étude de endline doit aussi servir d’opportunité pour le renforcement de capacités de l’équipe de l’IMRAP en termes de suivi-évaluation, spécifiquement de conception d’outils, de collecte de données et d’analyse quantitative.
L’étude devant commencer au plus tard le 1 mars 2023, ne devra pas excéder 40 jours ouvrables au total, répartis entre Mars et avril 2023. La collecte de données devra couvrir l’ensemble des régions ciblées par les indicateurs à mesurer.
B. Contexte
Depuis la crise qu’a connue le Mali en 2012, la sécurité n’a pu être améliorée dans une large partie de son territoire, faisant peser une menace constante sur les populations maliennes. La signature en 2015 d’un Accord pour la Paix et la Réconciliation a marqué le départ d’un long chemin vers la restauration de la paix et de la cohésion sociale. Cependant, les processus de recherche-action menés par Interpeace et l’IMRAP montrent que la mise en œuvre de cet accord fait face aujourd’hui à de nombreuses frustrations et défis. Ceci entre autres par un manque d’inclusivité et de participation des populations concernées dans la mise en place du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), pilier de l’Accord, dans la gestion de la sécurité, dans la mise en place du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), mais aussi dans des nombreuses initiatives mises en place par les acteurs internationaux.
Depuis sa mise en place, il existe un réel déficit de confiance entre le MOC et les populations des régions concernées, notamment Gao dû, entre autres, à un manque de communication et de compréhension de sa mission. Or, le MOC a le potentiel d’être avant tout un outil de réconciliation sociale.[1] Nos consultations ont aussi fait ressortir l’existence d’attentes profondes envers le processus de DDR de la part des populations qui le voient comme un rempart à l’emploi et un droit qui leur est dû. Le risque est donc réel de créer davantage de frustrations si ces attentes ne sont pas satisfaites, adaptées ou expliquées, et de renforcer par la même occasion les tensions déjà existantes avec les autorités étatiques. Parallèlement, l’engagement d’Interpeace avec les partenaires nationaux et internationaux, la MINUSMA en particulier, a révélé un besoin accru de sensibilité aux conflits par les initiatives mises en place pour éviter une ultérieure alimentation des conflits.
Le projet vise à contribuer à une collaboration durable et efficace entre les acteurs de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et les populations du Mali, particulièrement les femmes et les jeunes en :
- Réduisant les tensions, particulièrement celles impliquant les femmes, et en prévenant des conflits dans les régions de Gao, Tombouctou et Mopti à travers l’appropriation du processus DDR par l’ensemble des acteurs concernés ;
- Renforçant les relations entre MOC et populations, en particulier les femmes, à Gao, Tombouctou et Kidal afin d’améliorer la cohésion sociale dans le Nord du Mali ;
- Renforçant les mécanismes et capacités de gestion inclusive et participative de la sécurité – à travers notamment une appropriation de la mise en place de la police de proximité à Gao, Kayes et du District de Bamako ;
- Maximisant l’effet positif des initiatives pour la consolidation de la paix portés par des acteurs nationaux et internationaux, en tenant compte de la perspective genre
C. Justification et objectifs
Afin de compléter les données à rapporter au bailleur sur les indicateurs composant le cadre logique du projet, la baseline, tenue lors des premières consultations aussi bien pour les aspects DDR que MOC et gestion inclusive de la sécurité, doit être complétée par la tenue d’une étude de endline ainsi que par une analyse comparative endline/baseline, désagrégée par âge et genre.
Les personnes à interroger sont les participants au projet, puisque les indicateurs concernent des changements dans leurs compréhension et perceptions. Il ne s’agit pas d’une étude statistique, et par conséquent elle ne requiert pas d’échantillonnage d’une population à large échelle.
Les changements à capturer sur le terrain sont autour des indicateurs suivants :
Volet 1 : DDR – Gao, Tombouctou, Mopti
- Pourcentage des participants interrogés (population ou autorités) qui disent avoir renoncé à des sentiments négatifs à l’encontre du processus DDR
- Pourcentage de jeunes et de femmes interrogées qui deviennent conscients que le désarmement serait facteur de paix et de stabilité dans leurs zones respectives
- Pourcentage des participants interrogés (populations et instances étatiques régionales) qui affirment que leur compréhension des rôles et attentes a été améliorée par le processus
Volet 2 : MOC – Gao, Tombouctou
- Niveau de confiance entre le MOC et les citoyens civils participants au projet
- Pourcentage de participants (MOC et populations) qui affirment que leur niveau de confiance ou de compréhension s’est amélioré
Volet 3 : Gestion inclusive de la sécurité – Bamako, Gao, Kayes, Mopti, Tombouctou
- Pourcentage de participants interrogés qui sont satisfaits de la mise en œuvre de la police de proximité
Un rapport de endline narratif devra être produit pour soumission aux partenaires d’exécution, qui comportera :
- Un recadrage de l’étude dans le contexte du projet,
- Une explication de la méthodologie,
- Une présentation visuelle et narrative des résultats,
- Des pistes d’explications et de contribution du projet
D. Calendrier, méthodologie et résultats attendus
Etapes de l’étude de baseline
Ces indicateurs ont tous été récoltés pour la baseline avec un ensemble de questions composées par l’équipe et qui illustrent différents aspects des concepts clé de ces indicateurs (les sentiments négatifs, la conscientisation, la compréhension, la confiance, la satisfaction).
Lors de la conception des outils de collecte, une discussion des outils préexistants sera donc nécessaire pour s’assurer que la endline permet une comparaison adéquate en plus de questions supplémentaires de fin de projet en fonction des besoins identifiés en équipe.
Les données de endline devront être récoltées de concert avec l’équipe IMRAP sur le terrain parmi les participants au projet. L’utilisation d’outils électroniques (tablettes et KOBO) pourra être explorée, mais le papier reste une option. Les données une fois collectées devront être vérifiées, nettoyées, retranscrites, analysées et visualisées sur MS Excel.
Une validation en équipe complètera l’analyse, lors de laquelle toute explication ou clarification sera apportée aussi bien de la part du/de la consultant(e) sur la méthodologie et les résultats, que de la part de l’équipe pour des pistes d’explication et de contribution du projet.
Renforcement de capacités
Le/la consultant(e) devra impliquer l’équipe autant que possible à toutes les étapes. L’équipe IMRAP participera notamment à la conception des outils, sera partie prenante à la collecte, et pourra aussi participer à l’analyse quantitative (notamment via le biais de l’implication ad hoc du Chargé de SEA pour l’IMRAP).
Estimation du temps d’exécution (inclus délais de validation interne, hors temps de consultance)
Tâche | Temps estimé | Responsable | Autres participants | Produit |
Réunion de cadrage | 1 jour | IMRAP, Interpeace | Consultants | Compte-rendu par email |
Conception des outils | 2 jours | Consultants | IMRAP, Interpeace | Draft des outils |
Revue des outils | 2 jours | IMRAP, Interpeace | Draft des outils revu | |
Finalisation des outils | 1 jour | Consultants | Version finale des outils | |
Formation des collecteurs et organisation des enquêtes terrain | 2 jours | Consultants | IMRAP | Plan d’enquête
Liste de personnes à enquêter |
Tenue de la collecte | 20 jours (4 jours/région, voyages inclus) | Consultants | IMRAP | Fiches de données collectées |
Validation et nettoyage des données | 2 jours | Consultants | IMRAP | Cadre d’analyse excel |
Analyse quantitative | 4 jours | Consultants | IMRAP | Analyses et graphiques excel |
Atelier de validation / analyse | 1 jour | Consultants | IMRAP, Interpeace | Compte-rendu par email |
Ecriture du premier draft de rapport | 4 jours | Consultants | Premier draft du rapport | |
Relecture IMRAP/Interpeace | 3 jours | IMRAP, Interpeace | Premier draft du rapport revu | |
Finalisation et soumission du rapport final et des grilles d’analyse | 3 jours | Consultants | Version finale du rapport |
E. Qualifications
Cette consultance est ouverte uniquement aux candidat(e)s Maliens/nnes. Les compétences requises sont:
- 3-5 ans d’expérience dans la collecte et l’analyse de données quantitatives
- 1-3 ans d’expérience de renforcement de capacités à des parties prenantes non-techniciennes
- Bambara et français courants à l’oral
- Aisance avérée de rédaction en français
Les compétences supplémentaires particulièrement appréciées sont :
- Expérience préalable de collecte de données auprès de différentes parties prenantes (communautés, autorités, forces armées)
- Connaissance des régions concernées et des difficultés logistiques et sécuritaires
- Connaissance des langues des régions concernées en plus du bambara, à savoir le peulh, le songhaï et/ou le tamasheq
F. Processus de candidature
Merci de soumettre vos candidatures avec les documents suivants :
- CVs de tous les membres de l’équipe
- proposition succincte (narrative et budgétaire, 5 pages maximum)
- extrait d’un travail similaire effectué au précédent (analyses, visualisation, narratif) à
[email protected] avant le 17 février 2023, minuit heure de Bamako.
Les candidatures incomplètes ne seront pas considérées.
Seuls les candidats présélectionnés seront contactés.
Les candidatures des femmes et des minorités sont fortement encouragées.
[1] Suite au travail mené par l’IMRAP/IP sur le renforcement de confiance entre le MOC et les populations à Gao et soutenu par le programme PSOPs du Canada, les autorités du MOC ont expressément sollicité l’appui de l’IMRAP pour les accompagner dans leurs activités de rapprochement avec les populations dans les villes de Tombouctou et Kidal.