POSTE : consultant, sécurité alimentaire et moyens de subsistance
Objectif du poste
La République démocratique du Congo (RDC), et plus particulièrement l’est du pays, est confrontée depuis plus de deux décennies à d’importants défis humanitaires. Cette partie reste le théâtre d’un conflit complexe, marqué par l’affrontement entre, d’un côté, les Forces Armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés et, de l’autre, une myriade de groupes armés non étatiques (GANE).
On enregistre par conséquent un nombre important de déplacements internes. Selon le Displacement Tracking Matrix oct. 2024, on comptait en fin août 2024 environ sept millions de personnes déplacées internes (PDI), dont 87% pour des raisons de conflit. Les provinces de l’Est (Ituri, Nord Kivu, Sud Kivu, Tanganyika) concentrent à elles seules 79% des PDI avec des besoins énormes qui contrastent avec le niveau d’intervention et restent, par conséquent, une zone à forte priorité humanitaire.
Les résultats de l’analyse de l’IPC concernant l’insécurité alimentaire aiguë sept. 2024 a augmenté que pour la période courante, environ 25,5 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 et au-delà), ce qui marque une légère augmentation par rapport à l’année précédente.
Les DPI qui étaient présents sur des sites tels que Lubero, Masisi et Rutshuru se retrouvent majoritairement en phase 4. Ces personnes sont caractérisées par un important déficit de leur consommation alimentaire reflété par une malnutrition aiguë très élevée et développée des stratégies d’adaptation d’urgence en liquidant tous leurs avoirs.
Elles nécessitent une assistance alimentaire renforcée d’urgence et des actions de reconstitution et de protection de leurs moyens d’existence pour un impact significatif. Les Besoins Humanitaires et Plan de réponse 2025 (février 2025) estiment que le secteur sécurité alimentaire est le plus critique avec 7,3 millions de cibles sur les 17,6 millions de personnes dans le besoin.
L’intensification des affrontements entre les groupes armés et les forces de défense de sécurité au cours du premier trimestre 2025, qui a entraîné la récente annexion partielle du Nord Kivu et d’une partie du Sud Kivu par le M23, a gravement affecté l’environnement de protection et compromis la quiétude des populations et des acteurs humanitaires en charge d’apporter l’assistance. Selon l’inter-cluster, de nombreuses sources ont fait état de représailles, notamment d’enlèvements et d’exécutions ciblées, contre des civils soupçonnés de collaborer avec des groupes armés rivaux, ainsi que des tentatives d’arrestations arbitraires et des actes d’intimidation à l’encontre de membres d’organisations de la société civile et de défenseurs des droits humains.
L’objectif global de cette étude est d’analyser la situation humanitaire actuelle des populations retournées de force dans l’est de la RDC, en se concentrant en particulier sur leurs capacités, à relever les défis existentiels y comprendre les risques de protection et à se réinsérer dans le circuit productif. La finalité de l’analyse est de proposer des stratégies d’intervention adaptées pour permettre une relèvement précoce, progressif et rapide.
Plus précisément, il s’agira de faire une analyse approfondie de la situation actuelle des populations affectées (retournées, populations hôtes, déplacées internes) par le retour forcé et de propositions concrètes et pragmatiques pour leur réinsertion dans un environnement protecteur et un circuit productif en mettant l’accent sur la protection et les moyens d’existence pour leur relèvement rapide.
Fonctions et responsabilités du poste
Au niveau de la sécurité alimentaire et des moyens d’existence
- Faire une analyse de l’impact du conflit, des catastrophes climatiques et des épidémies sur les systèmes de production et leurs moyens d’existence des PDI et retournés
- Faire une analyse de la situation actuelle des populations retournées de force en identifiant et en décrivant les conditions de leur réinsertion dans leurs milieux d’origine, d’une partie, et en identifiant les défis existentiels y auxquels ils sont confrontés, d’autre partie ;
- Faire une analyse des capacités et des ressources disponibles des retournées et des communautés d’hôtes en faisant ressortir les questions d’accès, de propriétés et de contrôle.
- Faire une analyse des mécanismes transitionnels dans lesquels les populations se sont engagées dans le sens de contourner l’impact négatif de ce retour brusque en recensant et en évaluant la pertinence et l’efficacité des initiatives communautaires déjà mises en place pour faire face aux principaux défis en occurrence sur la consommation alimentaire et sur les moyens d’existence
- Faire une cartographie des acteurs en place de leurs interventions et des écarts
- Faire une analyse de l’efficacité des interventions actuelles ainsi que des forces et faiblesses des dispositifs actuels d’accompagnement et d’assistance dans le nouveau contexte pour une réinsertion rapide dans le circuit productif.
- Enfin, formuler des propositions de stratégies avec des paquets d’intervention avec pour objectif de permettre de relever les défis à court et moyen termes des populations retournées de s’insérer rapidement dans un circuit productif et de construire leur résilience. Pour ce faire, les recommandations doivent être concrètes et pragmatiques afin d’améliorer l’accès à l’alimentation, de renforcer et de protéger les moyens d’existence des populations retournées et des communautés d’hôtes et de faciliter leur réinsertion rapide et sécurisée dans leurs milieux d’origine.
Au niveau de la protection
- Faire une analyse des risques de protection qui capturent ces populations en retour dans leur milieu d’origine après plusieurs années d’absence
- Faire une analyse de l’impact de ces risques sur la capacité d’adaptation des populations à protéger et renforcer leurs moyens d’existence et surtout leur capacité de réinsertion dans leur milieu
- Faire une analyse des capacités existantes des communautés pour créer un environnement protecteur pour les populations affectées par les déplacements.
- Faire des propositions pertinentes et efficaces qui pourraient améliorer l’environnement protecteur de ces populations.
Les questions de recherche
Le champ d’application de l’étude sera canalisé par plusieurs questions de recherche. Ainsi donc l’équipe sera donc amenée à collecter des preuves pour répondre aux questions suivantes :
- Quel est l’impact des facteurs tels que le conflit, le climat, les épidémies et le manque d’accès aux services de soutien sur les populations retournées et populations hôtes.
- Quelles sont les conditions de vie actuelles des retournés depuis leur retour dans leurs villages d’origine ?
- Quels sont les principaux obstacles auxquels font face les populations retournées en matière d’accès à une alimentation suffisante et nutritive ainsi qu’à leurs moyens d’existence ?
- Quelle est l’efficacité des stratégies d’adaptation actuelles des entreprises par les populations pour faire face aux principaux défis notamment en matière de sécurité alimentaire et de moyens d’existence ?
L’approche méthodologique
Pour répondre aux objectifs de l’étude, le consultant proposera et développera une méthodologie rigoureuse, cohérente, participative et capable de répondre aux préoccupations et besoins identifiés dans les présents Termes de référence.
Il est proposé de utiliser à une méthodologie basée sur une approche mixte, qui combine une des méthodes quantitatives et qualitatives ainsi que des simulations pour faire ressortir l’efficacité des interventions proposées et celles à entreprendre. En tout état de cause, les conclusions doivent être tirées sur la base de la triangulation de deux ou plusieurs critères.
Pour ce faire, le consultant devrait intégrer dans sa méthodologie, une revue de littérature, une collecte de données quantitatives auprès des ménages ainsi que des données qualitatives à travers des entretiens, des discussions en focus group auprès des informateurs clés, des personnes ressources et des autorités et services techniques.
Une séance de validation de la méthodologie sera faite avec la FICR. De même une séance de restitution des résultats provisoires devra être organisée avec la FICR pour permettre de valider les données et compléter les informations.
Livrables attendus
- Un rapport de démarrage, présentant la méthodologie à utiliser validée par la fédération internationale de la Croix Rouge lors de la rencontre de cadrage ;
- Un rapport d’étude complet présentant :
o Un résumé exécutif de 3 pages maximum présentant les résultats de l’étude.
o Une analyse détaillée de la situation actuelle, de ses impacts sur la sécurité alimentaire et la sécurité des populations.
o Un diagnostic des dispositifs actuels et des stratégies d’adaptation en place.
o Des recommandations stratégiques et opérationnelles concrètes, réalistes et réalisables.
Éducation
- Diplôme universitaire en science sociale, en développement rural ou un domaine simulaire ;
- Un diplôme de troisième cycle est un atout supplémentaire.
Expérience
- Avoir au moin 7 ans de pratique professionnelle pertinente dans les études , les recherches et les évaluations des projets et programmes de développement et de l’humanitaire.
Connaissances, compétences et langues
- Parler et écrire couramment le français et l’anglais
- Connaissance des langues locales de la RDC /des pays des grand lac est un atout
Compétences, valeurs et commentaires
- Capacité à travailler avec intégrité et confidentialité ;
- Capacité à communiquer avec les employés internes et les partenaires externes à tous les niveaux ;
- Capacité à travailler dans un environnement interculturel, interfonctionnel et multiculturel ;
- Autonome en informatique (Windows, Microsoft Office, Outlook, etc.) ;
- Excellentes capacités d’organisation, de planification et d’influence ;
- Excellentes compétences interpersonnelles et diplomatiques.