La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao et cette production représente 15% du Produit Intérieur Brut (PIB) et plus de 50% des exportations du pays. Toutefois alors que le pays assure 40 % de l’approvisionnement mondial en cacao, il ne reçoit que 5 à 7% des gains générés par cette filière au niveau mondial, qui proviennent essentiellement de la transformation et de la distribution. Ainsi, si ce secteur fournit un revenu à un cinquième de la population ivoirienne dont un million de producteurs, il ne contribue guère à la réduction de la pauvreté. Les données sur la pauvreté ne permettent pas d’appréhender la situation des producteurs de cacao par rapport à l’ensemble des producteurs de culture de rente mais il estimé que près de la moitié des producteurs de cacao sont en situation précaire et que 54,9 % des producteurs et productrices de cacao ivoiriens et leurs familles vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté.[1] De plus, la filière cacao en Côte d’Ivoire est confrontée à des défis sociaux et environnementaux conséquents. Le vieillissement des vergers et des producteurs, la fertilité des sols, le travail des enfants dans des conditions de travail pénibles et les conditions de vie des producteurs nuisent à une production cacaoyère durable.
D’un point de vue stratégique et institutionnel, plusieurs initiatives sont en cours pour transformer le secteur du cacao pour le rendre plus inclusif et responsable. Une réforme du système de production cacaoyer est notamment en cours avec l’appui des PTF, dont l’Union européenne et se traduit par l’élaboration d’une stratégie gouvernementale (« livre blanc ») qui prend en compte les défis économique, sociale, environnemental et politique à traiter pour adresser la question de la durabilité générale de la filière. Ces deux dernières décennies ont également été marquées par une prise de conscience écologique et sociale des consommateurs et consommatrices dans le monde qui sont devenus plus exigeants, après que de nombreuses enquêtes aient montré le rôle néfaste de la production de cacao sur la déforestation et le travail des enfants.
D’un point de vue opérationnel, de nombreux acteurs sont engagés dans l’amélioration de la situation au niveau de la zone cacao au travers d’actions visant la lutte contre le travail des enfants, la mise en place de coopératives de producteurs et la mise en place de micro-assurances santé pour les planteurs et leurs familles exclues des systèmes classiques de couverture sociale. Enfin au niveau national, il convient de souligner les efforts du gouvernement pour étendre la couverture en protection sociale dans le pays au travers notamment de la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle (CMU), le Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI) et des Filets Sociaux non contributifs à destination des ménages les plus pauvres. Toutefois ces initiatives structurantes et porteuses de changements rencontrent encore des difficultés à se déployer auprès de l’ensemble de la population.
L’objectif général de cette étude est de réaliser un diagnostic de la couverture des travailleurs et travailleuses de la zone cacao par les différents dispositifs de protection sociale qu’il soit formels ou informels, publiques ou privés, locaux et spécifiques à la zone cacao ou concernant l’ensemble du pays. Cette étude devrait également formuler les premières recommandations pour assurer une protection sociale « adéquate » pour les travailleurs et leurs familles en lien avec la notion du socle de protection sociale de l’OIT. Il est nécessaire de proposer les différents scenarii, chiffrer le coût de chaque option et analyser des sources de financement possibles.
La question de la protection sociale est aujourd’hui soit traitée et analysée par thématique (Protection sociale contributive, Protection Sociale non contributive) soit traitée sous un angle très spécifique, notamment en ce qui concerne la zone cacao, tel que le travail et la traite des enfants. Aussi il s’agit dans la cadre de ces travaux de réaliser une photographie (ou monographie) de l’ensemble des dispositifs de protection sociale dans un département de la zone cacao afin d’avoir une vue d’ensemble de la question.
Les résultats attendus s’articulent autour des points ci-après :
- Un diagnostic des dispositifs de protection sociale dans un département de la zone cacao est réalisé. Une description et une analyse des différents dispositifs de protection sociale et de leur inscription dans le système national de protection sociale est entreprise. Ceci prend nécessairement en compte la situation sociale et économique du département support du diagnostic, les besoins en protection sociale, les risques professionnels les plus répandus, les interconnexions et les complémentarités avec les dispositifs et les dynamiques de transformations en cours du secteur de la protection sociale au niveau national (CMU, RSTI, Filets sociaux) ;
- Des recommandations concrètes et opérationnelles pour étendre et/ou consolider la couverture de protection sociale « adéquate » pour les travailleurs du secteur et leurs familles en lien avec la notion du socle de protection sociale de l’OIT ;
- Des différents scenarii d’extension de la couverture des différents risques sont proposés, leurs coûts sont estimés et les sources de financement possibles sont proposées ;
- Un atelier de restitution des travaux est réalisé et le rapport d’étude est finalisé Il s’agit ici d’organiser un atelier de restitution des travaux où la description et l’analyse des dispositifs de protection sociale dans la zone cacao sont présentés. Suite à cet atelier, le rapport de diagnostic sera repris en intégrant les commentaires et les observations des parties prenantes présentes à l’atelier. A l’issue de cette phase, le rapport d’étude sera finalisé et transmis aux parties prenantes.
Profil souhaité :
- Être titulaire d’un diplôme universitaire de troisième cycle (master) en sciences sociales, agroéconomie, géographie tropicale ou toute autre discipline apparentée ;
- Avoir un minimum de 10 années d’expérience professionnelle pertinente dans la conception, la mise en œuvre ou l’évaluation de programme de développement social et économique ;
- Connaissance des problématiques de protection sociale, idéalement dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest ou du Centre ;
- Expérience dans le dialogue technique (et politique) avec le gouvernement et d’autres parties prenantes ;
- Expérience de diagnostic social et économique en zone rurale ;
- Solides compétences analytiques et capacité à produire des rapports et autres documents écrits de qualité ;
- Connaissance des principaux partenaires techniques et financiers, en particulier l’Union européenne, la Banque mondiale et l’UNICEF ;
- Capacité à transformer la théorie en action ;
- Forte auto-organisation et proactivité ;
Critères de sélection des candidatures :
Le processus de sélection des candidats s’opérera selon le(s) critère(s) suivant(s) : Formation/compétences/expériences du candidat.