Le président français Emmanuel Macron entame jeudi à l’Ile Maurice une tournée africaine qui le conduira aussi en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola afin d' »impulser » de nouvelles « dynamiques » avec le continent, loin du désaveu encaissé au Sahel.
A chaque étape, Emmanuel Macron entend concrétiser une relation renouvelée avec l’Afrique, à rebours de l’héritage de la France coloniale (la « Françafrique »), qu’il avait esquissée lors de son discours de Ouagadougou en 2017.
« L’objectif, comme dans chacun de ses déplacements, est d’impulser des dynamiques et de valoriser le renouvellement de notre relation avec l’Afrique« , résume l’Élysée.
Soit une approche moins militaire, plus tournée vers la jeunesse, le travail mémoriel, avec de nouveaux partenariats hors du pré carré francophone. Et à chaque déplacement une « forte composante économique« , relève l’Élysée.
Une manière aussi de tourner la page après un échec cuisant au Sahel, d’où l’armée française a été poussée dehors, du Mali au Tchad, à l’heure où le continent est courtisé par d’autres puissances.
A l’Ile Maurice, M. Macron entend renforcer, avec cette première visite d’un président français depuis François Mitterrand en 1993, un partenariat déjà ancien mais un peu « distendu » ces dernières années.
L’Île Maurice, en pleine croissance économique, grâce notamment au tourisme et à la construction, est devenue une « success story » à laquelle les entreprises françaises peuvent prendre toute leur part, explique-t-on à Paris.
« La France vient aussi de subir un échec à Madagascar où le président (Andry Rajoelina) qui était proche d’Emmanuel Macron a été destitué (par des militaires, NDLR). Il y a donc un besoin de rééquilibrage » de la diplomatie française dans la région, estime François Gaulme, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
– Saluer la « transition » au Gabon –
Le chef de l’État français se rendra ensuite en Afrique du Sud pour une visite bilatérale, marquée par une étape au mémorial de la lutte contre l’apartheid à Pretoria, et le sommet du G20, samedi et dimanche, à Johannesburg.
Emmanuel Macron effectuera ensuite une étape importante au Gabon, tout juste sorti de 19 mois de transition politique après le coup d’État qui a conduit à la destitution du président Ali Bongo en 2023.
Il y rencontrera le tombeur de la dynastie des Bongo, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président en avril à l’issue d’un scrutin durant lequel les observateurs internationaux n’ont constaté aucune irrégularité majeure.
De sérieux défis attendent le président Oligui Nguema à la tête d’un pays riche en pétrole mais dont l’économie est en difficulté.
Macron va « saluer le parachèvement de la transition » et « soutenir les (nouvelles) autorités », souligne l’Élysée.
Les entreprises françaises espèrent de leur côté participer à la diversification de l’économie gabonaise, notamment dans l’exploitation de minerais.
Depuis le coup d’État, « le point d’interrogation dans les relations venait plutôt du côté français », relève François Gaulme. « Maintenant, la situation est normalisée du point de vue constitutionnel« , note-t-il. « Le nouveau président est aussi bien plus francophile qu’Ali Bongo« , ajoute-t-il.
Le président français achèvera sa tournée lundi en Angola, où se tiendra un sommet Union européenne–Union africaine.
Cette rencontre vise à faire le point sur les progrès de la stratégie européenne « Global Gateway », lancée en 2021 pour financer des infrastructures africaines à hauteur de 150 milliards d’euros.
Avec AFP