Elon Musk, consacré par Donald Trump à la tête d’une commission pour « l’efficacité gouvernementale », a rencontré jeudi des élus au Congrès à Washington pour discuter de ses propositions de coupes budgétaires drastiques, dont l’étendue sème l’appréhension au sein des agences fédérales visées.
Dans la foulée de sa victoire à la présidentielle du 5 novembre, Donald Trump a récompensé le patron de SpaceX, X, et Tesla de son soutien pendant la campagne en le nommant à la tête de cet organe nouvellement créé, chargé de tailler dans les dépenses fédérales, conjointement avec l’homme d’affaires républicain Vivek Ramaswamy.
« Le 5 novembre, les électeurs ont donné à Donald Trump un mandat clair pour un changement radical, et ils y ont droit », avaient déclaré mi-novembre les deux milliardaires dans une tribune du Wall Street Journal.
Ils étaient au Congrès à Washington jeudi avec le but affiché de commencer les travaux de défrichement pour cette commission.
Arrivé avec son fils sur les épaules, Elon Musk n’a pas fait de déclaration à la presse avant l’une de ses réunions avec les élus.
« Le début d’une aventure. Un jour nouveau pour l’Amérique! », s’est enthousiasmé le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avant d’assister à cette session selon lui de « brainstorming ».
Avançant que l’Etat fédéral faisait « trop de choses » et « presque rien de bien« , le chef républicain a affirmé que les contribuables méritaient « mieux »: « Ils méritent un gouvernement plus réactif, plus efficace, plus léger, plus concentré sur ses objectifs principaux ».
« Trajectoire de faillite »
L’élue trumpiste Marjorie Taylor Greene a déclaré que les discussions du jour avaient porté notamment sur la dette des Etats-Unis, qui croît à un rythme « non viable », selon elle.
« Notre pays est sur une trajectoire de faillite qui nous mène tous à notre destruction », a-t-elle ajouté.
Les modalités de la collaboration entre la commission et le Congrès devaient également être évoquées, car la commission — en promettant de s’attaquer au budget de l’Etat fédéral — marche sur les plates-bandes des parlementaires.
Dans leur tribune du mois dernier, les deux hommes d’affaires avaient expliqué comment Donald Trump pourrait tailler à tour de bras dans les effectifs de la fonction publique et les dépenses, quitte à court-circuiter le Congrès, détenteur du pouvoir budgétaire.
« Nous faisons les choses différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiciens », écrivaient-ils.
Pendant la campagne, Elon Musk avait assuré pouvoir réduire la dépense publique fédérale de 2.000 milliards de dollars, soit une baisse de 30% par rapport au total de l’exercice budgétaire 2024.
L’homme le plus riche du monde a notamment promis de réduire sensiblement la taille de la « bureaucratie enkystée », une « menace existentielle » pour les Etats-Unis selon lui.
Il dit envisager des « réductions massives d’effectifs dans la bureaucratie fédérale », promettant toutefois des conditions de départ « décentes« .
Elon Musk suggère aussi de revenir sur le principe du télétravail, ce qui « entraînerait une vague bienvenue de départs volontaires », ou de délocaliser des agences fédérales.
De quoi provoquer un choc parmi les plus de 370.000 fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans la capitale ou ses environs.
Conflits d’intérêt avec les manœuvres d’Elon Musk
Les premières cibles de ces coupes selon Elon Musk pourraient bien être les subventions à l’audiovisuel public ou à des organisations « progressistes » telles que le Planning familial.
Mais la commission ne devrait pas s’attaquer à des programmes d’aides comme la sécurité sociale ou l’assurance santé des plus pauvres et des seniors, a affirmé mercredi Vivek Ramaswamy dans une interview à Axios.
« La première chose dont nous avons parlé, c’est de protéger l’argent durement gagné des Américains », a déclaré de son côté l’élue Marjorie Taylor Greene à l’issue d’une réunion jeudi.
« Personne ne veut faire de mal aux Américains » en ce qui concerne les prestations sociales, a-t-elle précisé.
Elon Musk s’est sensiblement rapproché de Donald Trump au cours de l’année passée, finançant sa campagne pour revenir à la Maison Blanche à coups de dizaines de millions de dollars et allant jusqu’à apparaître sur scène à certains meetings.
Son nouveau rôle, même consultatif, pose la question d’éventuels conflits d’intérêt, puisque Elon Musk pourrait faire des recommandations concernant ses propres secteurs d’activité.
L’acronyme même de la commission, « DOGE », fait référence notamment à une cryptomonnaie dont le milliardaire a fait la promotion.
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