Élections au Royaume-Uni : les candidatures insolites mettent un peu d’humour « british » dans la campagne

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Crédit Photo : Les Echos

Jeudi 4 juillet 2024, les Britanniques sont appelés aux urnes pour élire les parlementaires. Comme à chaque élection, des candidatures loufoques affrontent des poids lourds de la politique.

Un chatbot, un pub ou un héros intergalactique : la campagne électorale pour les élections législatives britanniques du 4 juillet a affiché son lot de candidatures insolites au ton souvent drôle et satirique. Cette tradition remonte aux années 1980 lorsque l’Official Monster Raving Loony Party («Le parti officiel foldingue monstrueux ») s’enregistre comme un parti politique et présente deux candidats sous le slogan « Votez pour la folie ».

Cette année, le Premier ministre sortant Rishi Sunak est opposé dans sa circonscription de Richmond (nord) à un candidat de ce parti, mais aussi au comte Binface («Face de poubelle »). Cet autoproclamé « guerrier de l’espace intergalactique » est vêtu d’un impressionnant uniforme gris et noir et d’un casque ressemblant à une poubelle.

Le chef des travaillistes Keir Starmer, favori pour s’installer au 10 Downing Street, aura notamment face à lui Elmo, le monstre rouge de la célèbre émission de marionnette « Sesame Street ». Mais aussi un candidat du Loony Party qui répond au nom de Nick « The Incredible flying brick » (»Nick, l’incroyable brique volante »).

Satire et dérision

Ces candidatures loufoques sont rendues possibles par les modalités du système électoral britannique. Pour se présenter aux élections législatives outre-Manche, un candidat doit seulement réunir 10 signatures d’électeurs dans une circonscription et verser une caution de 500 livres (590 euros).

L’afflux de ces candidatures insolites s’explique par « le sens de l’humour britannique et nos traditions en matière de satire et de dérision », explique Andrew Blick, professeur de sciences politiques au King’s College de Londres. Et ces dernières années, la politique est devenue « plus ridicule », la rendant « plus perméable à la satire », ajoute-t-il. Pour lui, ce phénomène « a des bons côtés : (les candidats) attirent l’attention sur le système, et certains problèmes qu’ils soulèvent sont de vrais sujets » pour les électeurs.

Ainsi le comte Binface, derrière qui se cache un acteur, John Harvey, promet de construire « au moins une maison abordable » et d’introduire le service national pour tous les anciens Premiers ministres. Des mesures qui font écho à la crise du logement dans le pays et à la défiance envers les dirigeants.

Publicité quasi gratuite

Au sud de Londres, le pub The Mitre a été enregistré comme parti politique par son propriétaire Chris French pour se faire de la publicité, alors que l’activité de nombreux établissements comme le sien est en difficulté depuis la pandémie de Covid-19. « C’est la chose la plus simple que j’ai jamais faite », raconte-t-il. Grâce à sa candidature, le nom de son pub sera présent sur les bulletins de vote des 77 000 électeurs potentiels de sa circonscription.

À Brighton, dans le sud de l’Angleterre, AI Steve revendique d’être la première intelligence artificielle à présenter sa candidature. L’image de la campagne est son créateur, Steve Endacott, et le site internet promet de répondre aux sollicitations des électeurs « n’importe quand ». Il affirme aussi que ses politiques sont définies en fonction du retour des habitants, se proposant notamment d’augmenter les places de prison ou de développer les pistes cyclables.

AI Steve est candidat « pour faire une différence », assure-t-il, ajoutant que l’un de ses atouts est de ne pas se « laisser influencer par des émotions ou des intérêts particuliers ». Mais interrogé sur les avantages de l’intelligence artificielle, il a visiblement rencontré un problème technique et n’a pas pu terminer sa réponse.

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