La livre a reculé ce jeudi 9 janvier 2025, lestée par des inquiétudes tant sur la capacité du gouvernement britannique à maîtriser la dette publique que sur l’économie du pays, et par les menaces de Donald Trump d’augmentation des droits de douane.
Vers 21H20 GMT, la livre effaçait une partie de ses pertes de la journée, et ne lâchait plus que 0,43% par rapport au billet vert, à 1,2310 dollar. Plus tôt, elle avait touché son niveau le plus bas depuis novembre 2023, à 1,2239 dollar.
La livre perdait 0,26% face à la monnaie européenne, à 84,01 pence pour un euro.
« La faiblesse de la livre reflète un plus grand malaise des investisseurs » face à la situation « sur le marché des +gilts+ », les bons du Trésor britanniques, a souligné Lee Hardman, analyste chez MUFG.
Jeudi, le taux d’emprunt des obligations britanniques à 30 ans a enregistré un sommet depuis juillet 1998, tandis que les rendements des emprunts à 10 ans de l’Etat britannique sont au plus haut depuis juillet 2008.
En règle générale, la hausse des rendements obligataires a tendance à soutenir une devise, en attirant les investisseurs.
Ce n’est pas le cas ici, car la hausse des coûts d’emprunt du Royaume-Uni « suggère un manque de confiance dans la capacité » du gouvernement travailliste « à alimenter la croissance économique » et maîtriser la dette du pays, a résumé Kathleen Brooks, de XTB.
Les travaillistes peinent à convaincre le monde des affaires britannique depuis leur retour au pouvoir en juillet 2024.
Cette situation « suscite des comparaisons » avec l’effondrement de la livre et l’envolée des taux d’emprunt de l’Etat qui avaient suivi les annonces de dépenses massives et non financées de l’ancienne Première ministre Liz Truss, en septembre 2022, a noté M. Hardman, de MUFG.
La devise britannique chute également « face à un dollar plus fort », a estimé Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, face aux « craintes que la présidence de Donald Trump stimule l’inflation aux États-Unis », et retarde l’assouplissement des taux d’intérêts de la Réserve fédérale (Fed).
Mercredi, CNN a affirmé que le président élu, dont l’investiture est programmée le 20 janvier, envisagerait une déclaration d’urgence économique nationale lui offrant le cadre juridique nécessaire pour mettre rapidement en place des droits de douane sur les produits entrant aux Etats-Unis.
Dans un compte-rendu de leur dernière réunion des 17 et 18 décembre, publié mercredi, plusieurs responsables de la banque centrale américaine se sont par ailleurs inquiétés de voir les prix se calmer moins rapidement qu’escompté, éloignant la perspective d’une nouvelle baisse de taux en janvier.
« En dehors de la livre sterling, la session a été assez calme », a commenté Marc Chandler, de Bonnockburn Global Forex, en raison d’une journée de deuil national pour les funérailles de l’ancien président Jimmy Carter.
Le « buck » – un des surnoms de la monnaie américaine – « se négocie dans la même fourchette que la veille », traversant une phase de « consolidation », selon M. Chandler.
Vers 21H20 GMT, le dollar avançait de 0,17% par rapport à l’euro à 1,0301 dollar.
Les cambistes attendent désormais la publication vendredi des chiffres de l’emploi pour le mois de décembre par le Bureau of Labor Statistics (BLS).
@Avec l’AFP