Côte d’Ivoire : du jamais vu ! La Côte d’Ivoire va produire de l’électricité à partir de…

Côte d'Ivoire : du jamais vu ! La Côte d’Ivoire va produire de l'électricité à partir de...

Crédit Photo : OHADA.com

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et leader africain dans la production de caoutchouc naturel, cherche désormais à tirer parti de ces deux filières pour développer la production d’énergies renouvelables.

Le 3 juin 2025, à Divo, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, la Société des Energies Nouvelles (SODEN), en partenariat avec le fonds néerlandais Climate Fund Managers (CFM), a annoncé la signature d’un accord de financement de 3 millions $ pour le développement de la première centrale électrique au monde connectée au réseau national et alimentée par des sous-produits agricoles.

Avec une capacité prévue de 76 MW et une production annuelle estimée à 550 GWh, cette infrastructure devrait valoriser environ 600 000 tonnes de sous-produits des filières cacao et hévéa (coques, cabosses, fèves non marchandes, mais aussi hévéas en fin de vie) par an. L’entrée en service de la centrale est attendue d’ici 2029.

Plus tôt, en 2024, le groupe pétrogazier italien Eni a lancé officiellement une campagne nationale de collecte de graines d’hévéa, avec pour objectif de transformer localement ces graines, autrefois considérées comme des déchets, en huile végétale destinée à la production de biocarburants dans ses bioraffineries.

 Plus récemment, le ministère de l’Agriculture a signé, le 28 mai dernier, un accord avec le groupe italien pour structurer la filière biocarburant à travers l’optimisation de l’utilisation des graines d’hévéa et l’introduction de nouvelles cultures oléagineuses qui serviront de matière première dans la production de biocarburants.

Eni a révélé avoir payé 100 millions de francs CFA (environ 174 000 USD) pour l’acquisition de 1 500 tonnes de graines d’hévéa auprès des agriculteurs en 2023, dans le cadre de la phase pilote de collecte, avant d’augmenter ce stock à 50 000 tonnes en 2024.

Cette dernière initiative pourrait également soutenir les ambitions du gouvernement ivoirien qui aspire à développer une industrie locale des biocarburants capable de répondre à la demande intérieure.

Une volonté déjà illustrée par une expérience pilote menée en 2023 par l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), qui avait permis de produire 1500 litres de biodiesel à partir de graines d’hévéa, en partenariat avec des acteurs locaux et internationaux.

Ces différents projets s’inscrivent dans la stratégie gouvernementale visant à porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique à 45 %, avec une répartition de 33 % pour l’hydroélectricité et 12 % pour la biomasse et le solaire, à l’horizon 2030.

Dans son Pacte national Énergie, la Côte d’Ivoire mise sur l’engagement du secteur privé pour atteindre ces objectifs. Le pays ambitionne ainsi de mobiliser environ 2 milliards $ d’investissements privés afin de renforcer la production, le transport et la distribution d’énergie, tout en développant les solutions d’énergies renouvelables.

Autres filières agricoles valorisées

En dehors du cacao et de l’hévéa, d’autres filières agricoles sont intégrées à la stratégie énergétique nationale et ciblées par des projets de production d’énergies renouvelables. Le gouvernement avait déjà, par exemple, lancé en octobre 2022 les travaux de construction d’une centrale électrique à biomasse dans la région d’Aboisso, au sud-est du pays, pour alimenter le réseau électrique national.

Cette unité, présentée comme la première du pays et de la région ouest-africaine, sera dotée d’une capacité de production de 46 MW alimentée à partir de 520 000 tonnes de déchets issus de la production de palmiers à huile. D’un coût global d’environ 200 millions $, ce projet porté par l’entreprise BIOVEA Energie est prévu pour entrer dans sa phase opérationnelle d’ici la fin de l’année 2025.

Par ailleurs, l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) a signé, en 2023, un accord de subvention avec Ecostar Energy Côte d’Ivoire pour appuyer le développement d’une centrale électrique à biomasse de 25 MW dans la région de Boundiali, qui sera principalement alimentée par des tiges de coton.

Des retombées potentielles pour les agriculteurs

En Côte d’Ivoire, ces différents projets illustrent la volonté de faire de la biomasse agricole un levier stratégique pour renforcer la sécurité énergétique du pays tout en diversifiant les revenus des agriculteurs. Avec 1,67 million de tonnes de cacao produites en 2023-2024, plus de 700 000 hectares d’hévéa en exploitation, environ 300 000 hectares de palmeraies et plus de 350 000 hectares de terres agricoles dédiées à la culture du coton, le potentiel de biomasse dans ces filières est considérable.

Pour les petits exploitants, l’impact pourrait être non négligeable, car la transformation des sous-produits agricoles en énergie renouvelable ouvre de nouvelles opportunités économiques. En effet, les résidus issus de ces filières ne sont plus de simples déchets, mais deviennent une source de revenus complémentaires, venant s’ajouter à ceux générés par la vente des produits principaux tels que le cacao et le caoutchouc naturel, le coton ou l’huile de palme.

« Chaque année, la production de cacao génère des millions de tonnes de déchets non valorisés, qui n’apportent aucun revenu aux producteurs. En exploitant cette ressource encore inexploitée pour produire une énergie propre et fiable, nous transformons un défi national en une opportunité de croissance durable, de prospérité rurale et de renforcement du système énergétique », expliquait pour sa part Yapi Ogou, le Directeur général de la SODEN sur son projet de production d’électricité à Divo.

Depuis de nombreuses années, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao et leader africain dans la production de caoutchouc naturel, la Côte d’Ivoire.

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