Face aux droits de douane massifs annoncés par les États-Unis, le ministre français de l’Économie a appelé vendredi les entreprises à faire preuve de « patriotisme », leur promettant un « accompagnement » pour affronter les risques de déstabilisation économique.
Les déclarations d’Eric Lombard sur les chaînes BFMTV/RMC interviennent au lendemain de l’appel du président français à suspendre les investissements outre-Atlantique, dans le cadre d’une riposte européenne qu’il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.
« Nous faisons appel au patriotisme », a déclaré M. Lombard. « Il est clair que si une grande entreprise française acceptait d’ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains » dans les discussions.
Le président américain Donald Trump a signé mercredi un décret généralisant des droits de douane de 10 % minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis, et de 20 % pour celles arrivant de l’UE, provoquant une onde de choc à travers la planète. Les principaux partenaires des États-Unis se sont toutefois globalement abstenus de jeter de l’huile sur le feu.
Pour Eric Lombard, la riposte européenne doit être « proportionnée » et « nous conduire à la table de négociation », laquelle se fait « d’égal à égal », l’économie européenne étant une « des plus puissantes du monde » avec un marché intérieur de 450 millions de consommateurs.
« Nous avons tout à fait les moyens de négocier (…) pour obtenir un désarmement (des mesures annoncées, NDLR) le plus rapidement possible. Le dialogue se poursuit en permanence », a-t-il ajouté.
Il a averti qu’une riposte pourrait aller « au-delà des droits de douane », évoquant normes, échanges de données ou outils fiscaux : « on va riposter sur un ensemble de produits sur lequel on ne risque pas de désorganiser l’échelle de valeur en Europe ».
« La riposte peut être très vigoureuse et il ne faut pas qu’on riposte exactement avec les mêmes armes parce que si on fait comme les États-Unis (…), on va aussi avoir un effet négatif en Europe », avec inflation et baisse de la croissance, a-t-il souligné.
Les entreprises françaises sont bien implantées aux États-Unis, où la France était le troisième investisseur européen et le cinquième investisseur étranger en 2023.
D’après des chiffres communiqués à l’AFP par la Chambre de commerce américaine en France (AmCham), plus de 4.200 filiales d’entreprises françaises y opèrent actuellement.
Selon le représentant français du patronat, Patrick Martin, l’offensive américaine menace potentiellement « des centaines de milliers d’emplois » dans le pays.
Pour prémunir les entreprises exportatrices, Eric Lombard leur a promis un « accompagnement ».
Avec AFP